Journal de la Marine Marchande : Vous venez de prendre la présidence du Conseil de Surveillance du GPMR. Quelles sont vos ambitions pour le port de Rouen ?
Alain Bréau : Compte tenu de l'évolution de l'économie mondiale, il est certain que, de plus en plus, la logistique passera par les ports. Cela ne fera que s'accentuer dans le futur. Aussi, il était intéressant pour moi de prendre une responsabilité dans un port où les choses vont évoluer dans un sens positif. La position de cette place portuaire, accessible par la mer, est stratégique, la plus proche des zones de consommation, et de la principale d'entre elles, la grande région Île-de-France. Nous avons la possibilité à Rouen de recevoir, de fixer et de traiter la marchandise au plus près de la zone de consommation finale. Rouen a une position géographique optimale.
JMM : Au sein du projet stratégique - récemment adopté - quelle est à votre avis la mesure la plus importante, manutention exceptée ?
A. B. : L'aspect déterminant dans le projet stratégique concerne l'arasement du chenal pour permettre à des navires de plus grande capacité de remonter la Seine jusqu'à Rouen. C'est primordial pour les trafics de vracs, et en particulier pour les céréaliers qui font la base du tonnage de Rouen, mais aussi pour les trafics de conteneurs dans le futur. C'est le projet principal qui permet de justifier le développement de la place portuaire de Rouen.
Il y a un sujet qui n'y est pas encore, mais qui y sera ajouté dans les mois qui viennent, l'accessibilité de Rouen pour les conteneurs après un transbordement à Port 2000. Il faut rendre le port de Rouen attractif pour des conteneurs transbordés sur ce site. Ils pourront utiliser des unités fluvio-côtières, des barges, des fluvio-maritimes... Le creusement de l'écluse pour donner un accès fluvial direct entre Port 2000 et le canal était normalement prévu dans le dossier Port 2000 et a été reporté pour des raisons budgétaires. À mon sens, il se justifie aujourd'hui. C'est indispensable à la fois pour Le Havre et pour Rouen.
JMM : L'axe Seine est aujourd'hui mis en avant. Comment les ports peuvent faire de l'axe Seine « le grand axe » de demain ?
A. B. : Il faut d'abord travailler ensemble. Depuis la mise en place des nouvelles instances, les ports ont été principalement occupés par les questions de manutention. Maintenant il faut commencer à mettre un contenu dans cette volonté de travailler ensemble. Il faut définir des projets prioritaires pour chacun et pour tous. Ce travail va certainement prendre le reste de l'année. Il faut rendre cet axe pleinement compétitif. Rouen a toute sa place pour tirer parti de la valeur ajoutée logistique sur des trafics de conteneurs à l'importation. C'est dans ce sens qu'il faut travailler sur l'axe Seine.