Journal de la Marine Marchande : Le port de Rouen vient d'adopter son projet stratégique. Comment les professionnels portuaires voient concrètement la mise en oeuvre de la réforme portuaire ?
Philippe Dehays : L'adoption du projet stratégique ouvre un délai de trois mois pendant lequel le port doit négocier avec les entreprises postulantes pour la mise en place des concessions, la cession des outillages et le transfert des personnels. Le port est déjà engagé dans ce processus de dialogue. Les entreprises ont adressé des lettres d'intention préalablement à l'adoption du projet stratégique. Dans les faits, la réforme devrait être effective en janvier prochain.
Les entreprises attendent de ce changement dans un premier temps la récupération des trafics qui ont été perdus. Le secteur de la commission de transport souligne souvent qu'il gère des trafics qu'il n'est pas en mesure actuellement de faire passer par Rouen. Le potentiel est important.
JMM: comment se comporte la communauté portuaire face au ralentissement économique. Quels sont les effets de cette dernière sur l'activité ? Y a-t-il des adaptations d'effectifs, des mesures ponctuelles...?
Ph. D. : Dans le cadre de la réforme portuaire, nous devons faire face à des mouvements de grèves qui ont un impact sur le trafic. Par ailleurs, la crise aux Antilles a beaucoup pénalisé l'activité, Rouen étant sans doute le port le plus touché. Aujourd'hui, la situation s'améliore un peu, mais elle n'est pas revenue à la normale. Sur l'Afrique, nous relevons une légère progression, alors que les volumes sur le Maroc se sont accrus fortement. Seul point noir, l'Irlande : ce pays est très touché par le ralentissement économique... et nous en subissons les conséquences (- 40 %). Ailleurs, Guyane et Finlande connaissent une légère progression.
Aujourd'hui, aucune entreprise portuaire n'envisage de licenciements secs, ni chômage partiel concernant ses personnels. Mais nous observons une approche très prudente des recrutements. De plus, le secteur des produits forestiers (papier, pâte, bois) connaît un net ralentissement.
JMM : on parle beaucoup de concertation entre les ports de l'axe Seine, une orientation de la réforme portuaire. Comment voyez-vous celle-ci ?
Ph. D. : La concertation est une bonne chose. Les trois ports, Paris, Rouen et Le Havre, sont complémentaires. Il faut apprendre à travailler ensemble et mettre en commun des moyens de développement. Avec le fluvial et les trafics d'importation, Rouen deviendra à terme la plate-forme arrière logistique de Port 2000. Nous avons déjà travaillé sur ce sujet : à l'initiative de l'Union portuaire rouennaise, le Propeller club de Rouen a invité Christian Leroux, président de l'Union Maritime et Portuaire (Umep) du Havre, Vice-président du Conseil de Surveillance du GPMH. Nous avons également invité Laurent Castaing, président du directoire du GPMH, à rencontrer notre conseil d'administration pour discuter des possibilités de concertation. Les deux ports travaillent déjà ensemble sur des sujets comme l'expertise en matière de dragage ou encore sur les transports ferroviaires.