Le 30 avril, Port-Revel a procédé au baptême de son plus récent porte-conteneurs, l'Otello, fier navire de 13,36 m de longueur hors tout, pour 1,71 m de large et 8 t. Il s'agit bien sûr de la maquette au 1/25 du CMA-CGM-Otello. Le cdt Jaspard, l'un des deux commandants du vrai, a d'ailleurs essayé la maquette pour vérifier la similitude de comportement et aurait été « bluffé », souligne Arthur de Graauw, directeur du centre situé dans les pré-Alpes dauphinoises. La maquette a été construite à 99 % en Isère : le moule (à usage unique), la coque, la charpente métallique, les automatismes industriels, les ancres et leurs chaînes. L'installation de toute l'électromécanique a été faite « maison ». Seules les hélices en bronze ont été fabriquées à Cannes, sur mesure.
La grande nouveauté de cette maquette par rapport à ses aînées réside dans le fait qu'elle est « tout numérique » : un ordinateur permet de tout paramétrer facilement selon l'objectif de l'exercice. Ainsi la montée en puissance du moteur (électrique) est-elle réglable. Le passage « d'avant toute à arrière toute » est maintenant contrôlé, voire empêché, par un automatisme comme sur un vrai navire. La puissance des propulseurs est ajustable.
Si la trajectoire de la maquette est toujours enregistrée grâce à un GPS différentiel, l'ordinateur permet maintenant d'y associer les ordres de barre et de machine afin que les stagiaires, pilotes et officiers de pont, puissent « débriefer » en fin de journée avec toutes les informations disponibles.
Depuis le 4 mai, les pilotes belges peuvent maintenant s'entraîner avec ce tout nouveau « jouet » d'environ 350 000 ¤ sur un plan d'eau largement élargi.
au comportement aléatoire
En effet, Port-Revel a profité de l'hiver pour rectifier les profondeurs du lac, augmenter sa superficie (5 hectares maintenant) et le nombre de quais, installer les nouvelles écluses du canal de Panama, et last but not least, accroître les difficultés en augmentant les capacités de génération de courant. Dans le détail, 70 % de la superficie sont maintenant dédiés aux exercices en eau peu profonde (moins de 27,5 m réels ; moins de 1,1 m pour le lac) pour lesquels la simulation informatique atteint ses limites. En effet avec peu d'eau sous la coque, les écoulements d'eau sont très complexes à comprendre et donc à modéliser. À écouter les instructeurs, des pilotes à la retraite, le navire devient « facétieux » et fait un peu ce qu'il veut. Il vaut donc mieux s'y préparer et faire et refaire la même manoeuvre « pour voir ». En concurrence avec d'autres centres d'entraînement sur maquettes navigantes polonais et britannique, Port-Revel entend bien profiter de cet avantage concurrentiel. Nouvelle maquette, lac plus grand, le centre peut maintenant accueillir 10 à 12 stagiaires par semaine et non plus huit comme l'année dernière. Les prévisions commerciales de décembre dernier ont été confirmées : 2009 sera comme 2008, une bonne année avec près de 200 stagiaires américains, belges, espagnols, français et scandinaves. De quoi prétendre à une certaine visibilité internationale ; visibilité dont rêvent toujours les responsables de l'enseignement supérieur maritime français.
L'arme sécrète : le Q-Max
Non sans peine, Arthur de Graaw confirme la rumeur : à l'automne, Port-Revel prendra livraison de la maquette d'un Q (atar)-Max, le plus grand méthanier à membranes du monde : 345 m ; 53,8 m de large ; 2 660 000 m3 ; deux hélices. Selon le rapport BRS portant sur l'activité 2008, cinq Q-Max ont été livrés et attendaient à la chaîne que les trains de liquéfaction auxquels ils sont destinés, entrent en production. La série complète porte sur 14 navires. Les pilotes de Zeebrugge ont déjà vu arrivé le petit frère, le Q-Flex (14 livrés l'année dernière dont huit en attente, fin 2008, sur rade à Fujaïrah que la production de GNL démarre) mais pas encore le Q-Max. Le 1er de la série, le Mozah a réalisé sa première escale commerciale début mai, au terminal GNL de Milford Haven. Cette nouvelle gamme de transporteur de gaz naturel liquéfié « inquiète » un peu pilotes et navigants comme à la fin des années 60, les pétroliers 550 000 tpl inquiétaient les commandants d'ESSO (filiale aujourd'hui ExxonMobil). Ils poussèrent donc la compagnie pétrolière à réfléchir aux voies et moyens de les entraîner avant de prendre livraison des vrais. Sogreah qui avait déjà travaillé pour ESSO, fut donc interrogé à ce sujet et proposa la simulation sur maquette navigante. L'histoire se répète.