Les ports maritimes ont suivi l'évolution de la logistique mondiale. L'arrivée de navires aux tailles gigantesques oblige les ports à revoir leur positionnement dans les circuits logistiques. Désormais, il n'est plus question de transporter par voie maritime mais plutôt d'intégrer le maritime dans une « supply chain » globale qui intègre l'ensemble des flux physiques et informatiques.
Les ports maritimes ont tous pris ce virage. Chacun créé, derrière ses terminaux, des zones pour accueillir des entrepôts. Voulant profiter de leurs positions géographiques, les ports sont devenus des sites de transit rapide de la marchandise avec des entrepôts. En France, la logistique a bénéficié d'un atout important. Face au coût des terrains dans les régions voisines du nord de l'Europe, notamment en Grande-Bretagne, en Belgique et en Allemagne, les ports français ont pu développer une offre logistique. Cette tendance s'explique aussi par la nouvelle donne économique du continent.
Selon l'étude de DTZ, publiée en janvier 2009, l'élargissement de l'Union européenne s'est accompagné d'une augmentation du commerce avec les nouveaux pays membres de l'Europe centrale et de l'Est. Ces pays, devenus des points de passage entre l'Europe et les pays n'appartenant pas à l'Union, notamment la Russie, permettent d'accéder à des marchés beaucoup plus importants. Or, la plupart des pays nouvellement membres ont des réseaux routiers peu développés, ce qui donne aux ports la possibilité d'occuper le marché du transport des marchandises. En France, « la logistique maritime portuaire a décollé tardivement », écrit le groupe DTZ dans son étude parue en 2009. « Malgré le contexte de délocalisation et l'élargissement de l'Union européenne, les zones logistiques portuaires françaises se sont développées relativement tardivement, contrairement à nos voisins européens - les ports de Hambourg, d'Anvers ou de Rotterdam tournent à plein régime depuis longtemps, alors qu'en 2002, le port marseillais de Fos-Distriport était toujours quasiment désert... Il y avait bien entreposés ici et là des conteneurs, mais les bâtiments logistiques étaient encore inexistants. Il a fallu attendre 2003 pour que la situation évolue et que des promoteurs investissent ce marché ». Ce retard dans la logistique semble vouloir être corrigé. « Le développement de la logistique portuaire est bel et bien enclenché en France et il n'y a aucune raison pour que cette tendance ne perdure pas, portée par le développement du trafic maritime. La France, avec ses multiples frontières maritimes, offre une situation géographique particulièrement propice au développement du transport maritime, et par voie de conséquence, à la logistique portuaire maritime. Les promoteurs, les investisseurs et les utilisateurs du secteur logistique semblent avoir bien compris tout l'intérêt de ce secteur », continue le spécialiste en immobilier logistique. La correction de ce retard a aussi permis de voir une logistique se mettre en place pour d'autres marchandises que les diverses. Les vracs, secs ou liquides, jouent aussi la carte de la logistique : stockage, tri, conditionnement ou toute opération à valeur ajoutée fait d'un port un nouveau centre logistique dédié.
2,4 % de croissance par an
Une étude publiée le 11 mai par Transport Intelligence constate qu'en 2008, le marché des contrats logistiques a augmenté de 5 %. Une donnée positive mais qui doit être relativisée puisqu'au cours des dernières années, ces contrats progressaient de 10 % par an. Le ralentissement économique mondial n'a pas épargné la logistique. « Plus inquiétant, selon cette étude, la croissance s'est majoritairement concentrée sur les trois premiers trimestres de l'année. Durant la saison haute du dernier trimestre, un net ralentissement s'est fait sentir. Une tendance qui s'est prolongée en 2009 ». Et les prévisions ne sont guère optimistes. Au cours des cinq prochaines années, le niveau de croissance de ce secteur est évalué aux environs de 2,4 % par an jusqu'en 2012. La logistique est intimement liée à la croissance économique mondiale. Les difficultés actuelles se reportent donc sur le secteur. La baisse de la consommation va inciter les producteurs à réduire leurs coûts logistiques. Pour se défendre dans cette nouvelle donne de marché, les opérateurs logistiques doivent proposer un avantage qu'ils trouvent dans l'informatique.
Depuis de nombreuses années, les sociétés d'informatique spécialisées dans la logistique proposent de nouveaux logiciels pour suivre avec la plus grande précision leurs marchandises. En France, le système AP + s'impose dans ce domaine. Mis en place, pour la première fois à Marseille, ce système s'est par la suite développé dans d'autres ports français.
AP + est un système d'information communautaire. Élaboré par MGI de Marseille et la Soget du Havre, via leur filiale commune Sogyp, AP + fonctionne sur le principe de « single window for a global process. En un seul écran, il permet aux professionnels portuaires de piloter leurs flux en temps réel mais aussi d'en surveiller l'intégrité et tracer leur évolution de l'entrée jusqu'à la sortie de la zone logistique », indique Marie Pavesio, de la société Gyptis.
Le CCS est un système d'information et de télécommunication qui permet d'automatiser et de simplifier les échanges d'information entre plusieurs professionnels du transport se trouvant en vertical et en horizontal, et qui peut fournir à ces derniers des applications spécifiques pour informatiser leurs activités. Plus précisément les CCS se présentent comme un moyen de faciliter le travail des PME du secteur. En outre ces systèmes sont souvent très liés aux plates-formes, ce qui en fait des systèmes d'information à vocation régionale. Ils consistent en un ensemble de moyens spécialisés et homogènes de transmission et quelquefois de traitement de l'information entre les différents intervenants d'une plate-forme de fret. Ces moyens sont destinés à accélérer le passage de la marchandise, notamment en ce qui concerne les opérations de dédouanement (Facilitation du commerce). La connexion aux systèmes des douanes joue un rôle majeur dans la plupart des systèmes communautaires. AP + présente un avantage pour les places portuaires qui l'adopte. Il permet d'accélérer le passage portuaire de la marchandise tout en intégrant les nouvelles exigences de sûreté et de sécurité.
Intégrer la sûreté dans l'informatique
Cette notion de sûreté est devenue essentielle dans le transport maritime. Les réglementations internationales et régionales obligent les opérateurs à renforcer la communication d'informations. Dans ce cadre, MGI propose une nouvelle forme de communication au travers de sa plate-forme MareNostrum. Elle est destinée aux liaisons entre les ports du bassin méditerranéen. « Les délais de transport maritime sont généralement courts entre les ports méditerranéens, explique Marie Pavesio. Afin d'éviter les interruptions ou les perturbations des flux physiques des marchandises, nous offrons des facilités de flux informatique. » MareNostrum vise à remplir quatre objectifs :
- Normaliser les messages pour les échanges ;
- Anticiper les procédures et la gestion de la sûreté ;
- Accélérer la circulation de la marchandise par la maîtrise et la fiabilisation de l'information, et ;
- Faciliter l'analyse de risque et fluidifier le débarquement des navires et les enlèvements de marchandise.
Ce projet a été retenu par le ministère de l'Économie comme outil de facilitation d'échanges de données.
Présent dans les Grands ports maritimes de France mais aussi aux Antilles (Martinique et Guadeloupe) et à l'Île Maurice (Port Louis), AP + se retrouve en concurrence avec d'autres systèmes informatiques des places portuaires concurrentes.