Le 7 mai, le cargo néerlandais Marathon (2 575 tpl), chargé de charbon à coke, a été détourné par des pirates somaliens dans le golfe d'Aden avec 18 hommes à bord. Le même jour, deux embarcations rapides ont poursuivi pendant une heure et attaqué à l'arme légère l'USNS-Lewis-and-Clark, navire de servitude de la Marine américaine utilisé auparavant comme prison temporaire pour les pirates interceptés en mer. Il a fini par les semer en accélérant l'allure.
Le 9 mai, le transporteur de produits chimiques Nipayia (propriété grecque et pavillon de Panama) a été libéré sans indication de versement de rançon. Il avait été capturé le 25 mars avec son équipage (dont un Russe et 18 Philippins) à 450 milles au large de la côte somalienne sans cargaison à bord. En revanche le même jour, une rançon de 2 M$, larguée par hélicoptère, a permis la libération du vraquier Malaspina-Castle (32 500 tpl, propriété britannique et opérateur italien). Il avait été détourné le 6 avril avec 24 hommes à bord dont 16 Bulgares. Selon le ministère bulgare des Affaires étrangères, l'opérateur a versé la rançon. Le 6 mai, le cargo Al-Meezan (propriété des Émirats arabes unis), capturé le week-end des 3-4 mai, avec des voitures d'occasion et des chargements de farine et sucre, a été libéré. Les pirates n'ont pas exigé de rançon, car la cargaison était destinée... à des commerçants somaliens !
Le 11 mai, un tribunal de Mombasa a inculpé de piraterie onze suspects, qui avaient attaqué la frégate française Nivôse le 3 mai, la prenant pour un navire de commerce. Par contre et le même jour, les autorités espagnoles n'avaient pas encore pris de décision quant au sort de 14 pirates somaliens interceptés en mer quelques jours plus tôt. En effet, un magistrat veut en juger certains en Espagne, alors que le gouvernement estime qu'il faut les déférer devant un tribunal kenyan, conformément à l'accord du 6 mars 2009 entre l'Union européenne et le Kenya.
Toujours le 11 mai, la radio espagnole Cadena Ser a cité le rapport d'un service militaire européen de renseignements, selon lequel des pirates somaliens sont informés... depuis Londres ! Ils disposeraient là-bas d'un réseau d'agents leur donnant des précisions sur les routes et cargaisons de navires ciblés, qu'ils localiseraient ensuite avec des équipements sophistiqués. D'après ce rapport, les pirates semblent éviter quelques pavillons, dont le britannique. Lors de certaines attaques, les équipages ont été surpris des renseignements précis, notamment la nationalité de chaque membre, dont les pirates avaient connaissance.
Impact sur le trafic du canal de Suez
Des économistes suivent l'évolution des recettes du canal de Suez pour déterminer les impacts de la piraterie dans le golfe d'Aden et de la crise économique mondiale. Les recettes d'avril ont atteint 346,9 M$, soit une baisse de 22 % en un an, mais dépassent celles de mars (327,9 M$). Le nombre de navires est en effet passé de 1 439 en mars à 1 482 en avril. De son côté, l'Autorité du canal de Suez a décidé en janvier de ne procéder à aucune réduction des péages, malgré les circonstances.
Sûreté accrue pour les navires sous pavillon américain
Les navires sous pavillon américain contournant la Corne de l'Afrique devront embarquer des gardes et soumettre aux autorités leur dispositif de sûreté anti-piraterie.
Ces nouvelles directives ont été décidées le 11 mai. L'impératif de poster des gardes s'applique aux seuls navires longeant la Corne de l'Afrique. Toutefois, tous ceux battant pavillon américain devront soumettre leurs plans de sûreté à la US Coast Guard d'ici au 26 mai. Il appartiendra néanmoins aux armateurs de décider si les gardes seront armés ou non. La question d'embarquer des armes à bord de navires marchands est toujours délicate, notamment parce que certains pays n'accepteraient pas de les recevoir dans leurs ports. En outre, une telle mesure risque de provoquer une envolée des primes d'assurance.