Dans le cadre de l'inventaire général du patrimoine culturel, la région de Haute-Normandie a publié un ouvrage sur « le paysage industriel de la Basse-Seine ».
Depuis le Moyen Âge, cette région vit de l'exploitation des carrières de calcaire, de la tourbe et des moulins ainsi que de la construction navale. Puis au XIXe siècle, sa voie d'eau, sa situation géographique entre Paris et la Manche, et la présence des villes portuaires de Rouen et du Havre lui permettent de profiter du développement de l'industrie. Au cours de la Première Guerre mondiale, Rouen devient le premier port français par suite des augmentations considérables des trafics de charbon, d'hydrocarbures, du minerai de fer et des produits de base pour la chimie. Les clauses économiques du Traité de Versailles (1919) accordent aux pays vainqueurs l'exploitation des brevets allemands comme dédommagement de guerre. Ainsi, une usine de colorants est édifiée sur le site d'Oissel et le port de Rouen reçoit quatre docks flottants. L'entre- deux-guerres voit l'essor des industries pétrolière et papetière. Mais, c'est précisément son importance économique qui transforme la vallée de la Basse-Seine en champ de bataille pendant la Seconde Guerre mondiale. Le plan de reconstruction (1945-1960) consacre l'hégémonie du béton, la croissance des centrales thermiques et la naissance de la pétrochimie. Cette industrialisation à outrance provoque également les premières manifestations écologistes et un règlement sur la protection de l'environnement dans les années 1970. La gestion des rives de la Seine implique la résorption des friches industrielles.
Emanuelle Real raconte la saga de cette région, devenue le plus grand ensemble industriel et portuaire français. Le Havre et Rouen assurent en effet aujourd'hui près du tiers du trafic maritime national. Environ 400 photos illustrent ce patrimoine économique régional qui s'est enrichi, au fil des ans, des industries automobile, aéronautique, agroalimentaire et de l'armement, sans oublier la logistique.
Enfin, la vallée de Seine aboutissant à Paris, le paysage industriel s'y transforme en monument culturel, « triomphe de la technologie ». Le Centre national d'art moderne Georges Pompidou (Beaubourg), oeuvre des architectes Renzo Piano et Richard Rogers, a en effet été surnommé à ses débuts « la raffinerie » et même «l'usine à gaz » !
par Emmanuelle Real
264 pages/35 $¤
ISBN : 2-910316-33-5
Le Paysage industriel de la Basse-Seine