Le 30 avril, le groupe armatorial danois, AP Moller, a confirmé les précédentes rumeurs sur la cession de Norfolk Line. « En référence aux spéculations dans la presse, AP Moller Mærsk confirme que des discussions sont engagées pour une probable transaction de Norfolk Line. Il n'existe aucune certitude sur l'issue de ces négociations », indique le texte de l'armement. Ces rumeurs courent depuis plus d'un an, sans que le groupe ne les ait confirmées. En 2007, Mærsk s'est séparé de la division conteneurs de Norfolk Line. Depuis cette date, il ne dispose plus que de la structure ferry de cette filiale. En 2008, cette filiale a évité les grains. Norfolk Line a transporté 2,4 millions de passagers (en progression de 20 %), 700 000 véhicules (16 %) et 1,3 million de camions (stable). D'un point de vue financier, la situation n'est pas aussi calme. Le prix élevé des soutes et la parité de la Livre Sterling par rapport à l'Euro ont affecté son volume d'affaires. Cette filiale a malgré tout affiché un bénéfice avant frais financiers par la cession de deux navires.
La cession de cet armement semble intéresser les autres opérateurs installés sur le secteur. Selon un journal Philippin, LD Lines serait candidat à la reprise. Une information démentie par Pierre Géhanne, directeur général du groupe Louis-Dreyfus Armateurs. Un second candidat serait actuellement en lice. Le groupe danois DFDS. « Nous confirmons que DFDS a pris part aux négociations pour une transaction à propos de Norfolk Line », indique un texte du groupe. L'objectif de l'armement roulier danois est de s'ouvrir sur d'autres marchés en Europe du nord et de rechercher des synergies et des économies d'échelle sur ce marché. Il opère des rouliers et des ferries entre la Belgique et les Pays-Bas vers le Royaume Uni, la Suède, le Danemark, la Norvège et les pays baltes.
Ces négociations interviennent à quelques semaines de l'ouverture d'un nouveau service par Norfolk Line. En effet, en juin, la filiale du groupe AP Moller doit ajouter une nouvelle ligne à son offre. Elle reliera Zeebrugge à Rosyth, en Écosse. Une rotation qui était au préalable assurée par Superfast Ferries. Ce dernier armement a définitivement mis un terme à sa liaison le 14 septembre. La mise à la vente de cette société intervient dans un moment de restructuration du paysage du transmanche. Elle pourrait faire entrer sur le marché du transmanche français DFDS, dont les prestations dépassent le ferry pour aller jusqu'à la logistique. Norfolk Line offre des liaisons avec le marché britannique au départ de Dunkerque. De plus, SeaFrance a été sur le marché de la vente. Après les candidatures de LD Lines et Brittany Ferries, le dossier semble s'enliser. Le groupe est actuellement à l'étude de solutions. L'armateur appartenant au groupe SNCF risque bien de souffrir de l'attente de la décision la concernant. Pendant ce même temps, LD Lines continue d'accroître sa présence sur le secteur. Après avoir lancé la ligne de Boulogne à Douvres au mois de février, il vient de mettre en service un navire rapide (voir papier ci-joint).
Pierre Gehanne, président de LD Lines, a signé ce 5 mai avec Robert Clifford, président d'Incat, un contrat d'affrètement coque nue du catamaran rapide de 112 m Norman-Arrow pour une période de 10 ans renouvelable. Le navire, troisième coque de ce type livré par la compagnie, a appareillé de Hobart, Tasmanie, le 2 mai, pour une route de 11 726 milles à destination de Douvres, via Suez. Le commandant Nick Dunn, qui prendra ensuite la direction du bureau de Douvres de la compagnie, est aux manettes pour ce voyage.
Sans dévoiler le coût de l'affrètement, Robert Clifford a indiqué que l'Incat-112, avant aménagements particuliers, vaut 70 M¤ environ. Robert Clifford indique que, ne déplaçant que 300 t, sa consommation à grande vitesse est peu supérieure à celle d'un ferry classique. Le navire file 40 noeuds en croisière, mais « 32 à 33 noeuds suffiront pour traverser en une heure », précise Christophe Santoni, directeur général de LD Lines. La taxation du gas-oil est bien entendu un handicap, mais ce carburant à bas soufre « remplit déjà les obligations environnementales à venir dans deux ans », observe Pierre Gehanne. LD Lines emploiera 150 personnes environ sur les routes Douvres-Dieppe et Boulogne. Une large part du personnel provient de l'effectif licencié par la défunte SpeedFerries. Le début du service est confirmé le 29 mai, avec quatre rotations/jour qui s'ajouteront aux deux allers-retours déjà réalisés par le Côte d'Albâtre.
Du 12 février au 30 avril, le Côte-d'Albâtre aligné par LD Lines sur les routes Dieppe-Douvres (une rotation de nuit), et Douvres-Boulogne (deux rotations de jour) a transporté 38 400 passagers, 15 600 voitures et 1 350 pièces de fret. Avec le même navire et quatre rotations du rapide Norman-Arrow en plus, la compagnie vise en année pleine 800 000 passagers et 70 000 pièces de fret. SpeedFerries transportait plus de 700 000 passagers avec un seul navire, le pari semble donc tenable. S'agissant du fret, le volume visé représente 4 % du meilleur volume traité à Calais, ou 1,8 % du marché du détroit.