Au regard des statistiques disponibles, une véritable dichotomie est observable : les exportations illustrent avec justesse l'exploitation des richesses naturelles de la Guinée équatoriale. D'un côté, les extractions pétrolières soutiennent les tonnages exportés depuis l'île de Bioko alors que la forêt tropicale de la partie continentale a permis l'exportation de près d'un million de tonnes métriques de produits forestiers entre 2006 et 2008.
Sur le plan des importations, les trafics apparaissent nettement plus hétérogènes avec des produits alimentaires, des produits manufacturés, des produits chimiques ou encore des matériaux de construction, pour soutenir notamment la politique de grands chantiers du gouvernement et la demande croissante de produits de consommation de la part de la population de l'île.
Le trafic conteneurisé reste balbutiant mais nourrit de grands espoirs avec le développement économique et l'accroissement progressif du niveau de vie. Les ports de Malabo et de Bata ont des profils de trafics sensiblement identiques avec des niveaux d'importations deux fois supérieurs en moyenne aux exportations. Avec l'abandon de la production d'exportation du cacao, la Guinée équatoriale ne fournit quasiment pas de produits « conteneurisables » même si les produits forestiers de la partie continentale pourraient subir de plus grandes transformations qui permettraient, à terme, de corriger partiellement le déséquilibre chronique des flux entrants et sortants.
Le réinvestissement de la manne pétrolière dans les ports
L'île de Bioko - et en particulier la ville de Malabo - apparaît comme un vaste chantier où les infrastructures de transports sont essentielles dans l'accompagnement de la croissance économique exceptionnelle des dernières années (+27 % en 2007 !). Après l'aéroport construit par Bouygues (tout comme le tout nouveau stade de football et la salle omnisports) et l'extension en cours d'un réseau routier déjà de grande qualité, ce sont les infrastructures portuaires qui profitent de projets de grande envergure.
En premier lieu, le port de Malabo vit actuellement une immense recomposition physique avec une rénovation des installations en place et surtout un agrandissement sur les trois petites baies qui composent les trois sites éclatés du port. 1,3 km de quais est visé pour les prochaines années avec notamment la reconstruction des quais des terminaux :
- du terminal ouest multipurpose et roro (extension de 430 m) ;
- du terminal international ouest pour les conteneurs (extension de 500 m) ;
- du terminal multipurpose sud (extension de 300 m).
Outre les infrastructures, le tirant d'eau sera porté à 9 m ce qui soutient l'accueil des plus grandes unités touchant dans la sous-région. Pour le seul agrandissement de la partie ouest, les travaux ont coûté plus de 82 M¤ et ont été assurés en moins de deux ans par la société d'ingénierie civile Somagec du Royaume du Maroc. De nouveaux travaux de remblais et de consolidation permettront à terme d'étendre la surface initiale du port pour accueillir des entrepôts en arrière immédiat des nouveaux quais.
À la suite de la visite du roi Mohammed VI mi-avril 2009, une annonce officielle a été rendue publique qui consolide, s'il le fallait encore, les liens privilégiés entre les deux États. L'agence spéciale Tanger-Méditerranée a paraphé un protocole d'entente avec la direction générale des ports de Guinée équatoriale pour assurer la gestion complète des activités commerciales de tous les ports équato-guinéens.
Luba, futur hub de logistique pétrolière
Au coeur de la plus vaste zone pétrolifère du continent africain, avec les zones offshore du Nigeria au nord, du Cameroun à l'ouest et ceux du Gabon et de l'Angola au sud (sans oublier les zones d'extractions équato-guinéennes), le site de Luba a été choisi par le gouvernement pour développer une base de logistique pétrolifère. Une concession de 25 ans a été accordée en 1999 à Luba Freeport Ltd afin d'assurer la construction, le développement et l'exploitation commerciale de la base logistique pétrolière. En 2003, la compagnie pétrolière nationale (GEPetrol) et Luba Freeport Ltd ont renforcé leur partenariat pour profiter de la mise en zone franche des 50 ha adjacents aux infrastructures portuaires. Les spécialistes du secteur comme Exxon Mobil, Schlumberger ou encore Hess ont déjà investi et attendent l'extension programmée des installations. Cette base arrière complète l'appareil portuaire en cours de développement à Malabo, même si des concurrences potentielles étaient susceptibles de voir le jour du fait que le site de Luba jouit de belles profondeurs sans aucun dragage ce qui n'est pas le cas de Malabo !