Le cabinet d'expertise financière Secafi Alpha a livré le 27 avril les résultats d'une série de scénarios pour les deux prochains exercices de l'entreprise, selon différentes hypothèses et informations présentées par le directoire, et par les partenaires sociaux (CFDT, CGT et intersyndicale officiers), mais aussi selon différentes variables prévisionnelles (change £/¤, taux de remplissage des navires, coût des soutes...).
Rappelons que le directoire de SeaFrance propose d'armer trois grands navires et de supprimer 650 emplois. Le scénario le plus optimiste de la CFDT prévoit 150 suppressions d'emplois à cinq navires. Selon Didier Cappelle, secrétaire du syndicat maritime nord CFDT, « la direction ne peut plus cacher que son plan de redressement est obsolète. Le plan de redressement du directoire vise 34 M¤ de pertes en 2009 et 300 000 ¤ de perte en 2010. Le modèle bâti par les experts, utilisant les prévisions de trafic de la CFDT, soit 670 000 camions chargés en 2010 (ndlr 711 000 en 2008) donne une perte de 11,2 M¤ cette année et un bénéfice de 3,2 M¤ en 2010. Nous ne négocierons pas sur la base du plan de redressement initial. Nos conditions à la négociation d'efforts de productivité sont l'absence de licenciements ou départs forcés, quatre navires minimum et l'actionnaire SNCF à 100 % ».
« Nous avons bien besoin d'un plan de redressement », constate Jacques Brouyer, délégué CGT et membre de l'intersyndicale officiers. « Mais on peut s'en sortir à des conditions sociales acceptables avec deux fois moins de suppressions de postes que la direction n'en demande. »
Vincent Launay, directeur général adjoint, membre du directoire, estime « qu'il faut être très prudent sur ces analyses ». Le modèle est, par exemple, très sensible sur la parité monétaire. « Il faut intégrer le retour d'Eurotunnel et l'entrée en concurrence de la route Boulogne-Douvres. Nous perdons toujours 100 000 ¤ par jour. Il est indispensable de négocier pour bâtir l'avenir de l'entreprise », commente-t-il.