Selon son directeur général Werner Lundt, la baisse des commandes en 2008 a déjà causé quatre faillites et devrait se poursuivre cette année. La surcapacité en navires sera supérieure aux prévisions de la demande sur plusieurs années. Ainsi, les chantiers européens et japonais évaluent la demande en navires de toutes catégories à 35 Mtjb entre 2010 et 2020, portant la capacité à 70 Mtjbc. Or, d'après le courtier britannique Clarkson Research, celle-ci était déjà de 42 Mtjbc en 2008 pour une valeur de 97 Md$. Pour Werner Lundt, la chute brutale des prix des navires d'occasion fait déjà hésiter les armements à commander des unités neuves. Toutefois, il anticipe des contrats pour toutes les catégories de navires, sauf les porte-conteneurs et les vraquiers qui sont déjà en excédent. En conséquence, les chantiers vont réduire leurs personnels ou seulement la durée de travail au cours de 2009. La moyenne annuelle de livraisons est de 60-70 navires. Fin 2008, le carnet de commande totalisait 172 navires, de quoi assurer de l'ouvrage jusqu'en 2012. Les constructeurs de petits porte-conteneurs se sont déjà diversifiés vers les rouliers, navires à passagers, yachts, dragues et transporteurs de colis lourds, « soit toutes les niches où les grands chantiers de Corée du Sud sont absents », souligne Werner Lundt.
Annulations de commandes
Les chantiers allemands ont livré 84 navires d'une valeur de 4,45 Md¤ en 2008, contre 74 en 2007, et obtenu les commandes de 46 navires (+34 %). Or selon VSM, 29 commandes, surtout de porte-conteneurs et de cargos, ont été annulées au quatrième trimestre, au moment où deux armements sont devenus insolvables. Un autre a fait appel à un administrateur judiciaire en janvier. Ces 29 annulations seraient dues à des raisons bancaires. D'abord, les chantiers concernés n'auraient pu obtenir des prêts d'environ 900 M¤ pour couvrir le coût de construction. Avant la crise économique, leur marge de compétitivité reposait en effet sur des prêts pour l'achat de matériaux et de services, en attendant le paiement final par les armements. Ainsi, la HSH Nordbank, première banque de crédit maritime du monde, au bord de la faillite, a dû demander des garanties de 30Md¤ à l'État fédéral. Ensuite, d'après VSM, l'absence de garanties de paiements des 29 commandes par les clients a contribué à la décision de les annuler. Quelques chantiers ont fait appel au programme d'assistance de la banque fédérale KfW. En fin, « nous demandons au gouvernement fédéral de faire des commandes pour la Marine militaire », conclut Werner Lundt.
La construction de quatre porte-conteneurs suspendue
Le groupe ThyssenKrupp a suspendu la construction de quatre porte-conteneurs de 3 400 EVP, faute de garantie bancaire pour leurs acquéreurs. C'est la première fois que cela se produit en Allemagne depuis le début de la crise économique. Les navires auraient dû être livrés en 2010, par les sites HDW de Kiel et Nordseewerke d'Emden. Ils ont été commandés par Buxpower, société d'investissements filiale de l'armement allemand NSB Niederelber.
ThyssenKrupp n'a pas précisé l'impact sur l'emploi dans les sites concernés, mais n'a pas écarté la possibilité d'une réduction du temps de travail.