« Malgré ce contexte difficile pour notre économie, le port a continué à fonctionner »

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Journal de la Marine Marchande: Quel est le niveau d’activité des engins sur le port actuellement?

Laurent Martens: Depuis le 20 janvier, l’actualité de la Guadeloupe est fortement marquée par un mouvement social. Des perturbations ont dû être déplorées au niveau de nombreuses activités portuaires puisque plus de 50 escales dont 30 escales des croisières ont été annulées. Toutefois, malgré ce contexte difficile pour notre économie, le port a continué à fonctionner. Il est resté ouvert au moins 80 % du temps, grâce au comportement exemplaire de ses agents qui, tout en étant solidaires du mouvement, se sont montrés tout aussi responsables, en maintenant le port en activité durant toute la période du mouvement social.

JMM: Comment se déroulent les sorties des conteneurs du terminal?

L.M.: Durant toute la période du conflit, la quasi-totalité des navires, sauf un porte-conteneurs de transbordement de bananes du Surinam, ont été déchargés. Cependant les marchandises ont très majoritairement dû être stockées sur le terminal, car non livrées par les transporteurs, à l’exception notable des conteneurs frigorifiques, des médicaments et autres produits de première nécessité qui ont fait l’objet de livraisons régulières. Depuis la suspension du mouvement social, les sorties/entrées de conteneurs ont repris de manière accélérée. Toutes les conditions sont mises en œuvre afin de pouvoir rapidement désengorger le terminal de Jarry, livrer aux clients et récupérer les conteneurs vides. Pour ce faire, les plages horaires de livraisons ont été augmentées en semaine et les transporteurs ont également la possibilité de travailler le samedi matin. De plus, le PAG a pris des dispositions économiques avec ses partenaires de la place portuaire pour accompagner le redémarrage de l’économie.

JMM: Quelles sont, selon vos estimations, les pertes de trafic?

L.M.: C’est en particulier dans le secteur de la croisière que les conséquences de ce mouvement sont les plus sévères, en raison de l’image désastreuse de l’île, au plus fort de la crise… La saison 2008-2009 devait pourtant afficher un nouveau record en termes de fréquentation, aboutissement des efforts conjugués des équipes du port autonome de la Guadeloupe et du comité du tourisme des îles de Guadeloupe. À l’inverse, c’est plus d’une quarantaine d’escales qui ont déjà été annulées depuis le début de la saison soit plus de 50 000 croisiéristes de perdus sur un total attendu de 150 000 et des compagnies qui refusent désormais d’escaler dans nos ports. Par conséquent, nous redoublons dès à présent nos efforts pour reconquérir ce marché porteur pour l’économie guadeloupéenne. La croisière basée a été épargnée, Costa maintenant ses escales. Un espoir de reprise pour la croisière de transit avec le retour programmé le 15 mars du Delphin-Voyager qui avait déjà prévu son annulation.

En matière de trafic de marchandises, les premières estimations sur le terminal à conteneurs font état d’une baisse du trafic de plus de 30 % sur janvier et février due à une double conjonction de la crise mondiale et de la crise locale.

JMM: Quel sera l’impact sur les trafics et pensez-vous avoir perdu des clients?

L.M.: Il est encore trop tôt pour chiffrer de manière précise l’impact sur les trafics. Toutefois, il est clair que les conséquences seront beaucoup plus lourdes dans le secteur de la croisière, et la saison 2008-2009 sera très inférieure à la précédente. Nous allons mettre, au mieux, deux ou trois années pour retrouver la confiance de nos clients alors que les perspectives à trois ans étaient excellentes.

Pour la saison croisière, dans la mesure où elle se termine dans deux mois, les chiffres sont quasi définitifs. À l’inverse, pour le trafic des marchandises si le PAG estime déjà des pertes annuelles de l’ordre de 15 %, ces chiffres sont tout à fait rattrapables. Pour ce trafic, essentiellement captif, nous avons su préserver le principal, et le reste de l’année pourrait redevenir proche de la normale. Par ailleurs, durant toute la période, la quasi-totalité des opérations de transbordement ont pu s’opérer presque normalement.

JMM: Quels sont les effets de ce mouvement sur les trafics de bananes?

L.M.: Les exportations de bananes ont été correctement traitées durant la période du conflit. En effet l’ensemble de la communauté portuaire est au fait du caractère stratégique de ce trafic pour l’économie locale. Le transbordement en général, et en particulier la banane, a ainsi été correctement traité à l’exception d’un navire lors de la pointe du conflit.

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