Les ports français ont connu les mêmes tendances que leurs concurrents étrangers. Les trafics ont progressé jusqu’à la fin de l’été, puis l’automne a ouvert une boîte de Pandore et la crise tant redoutée est devenue réalité. Au final, les ports français affichent des scores plutôt honorables même si on estime qu’ils auraient pu mieux faire. Et pour certains, le résultat, même s’il est positif, est insatisfaisant. « Il nous manque des tonnes et des conteneurs », a souligné Laurent Castaing, président du directoire du grand port maritime du Havre. Ces trafics ont quitté les quais français pour des raisons sociales. Dès l’annonce de la réforme, en janvier 2008, par le Premier ministre, François Fillon, lors d’un déplacement à Marseille, une certaine crainte des salariés portuaires a déclenché plusieurs mouvements. Pendant tout le printemps, des grèves ont malmené les cadences de travail dans les exports autonomes. La réforme portuaire, si c’est le nom qu’elle a pris lors de son adoption par le Parlement le 4 juillet, a été présentée sous la forme d’un plan de relance par le gouvernement. L’objectif est de préparer les ports l’entrée dans la compétition internationale. Ce texte prévoit notamment de nouvelles dispositions sur l’organisation de travail sur les quais avec une disposition phare: le commandement unique des terminaux. Désormais, dockers et grutiers dépendront d’une seule hiérarchie. Il va même plus loin en réorganisant les fonctions des ports, ce qui permettra de poser les bases d’une organisation calquée sur le système adopté par les principaux concurrents des ports français. Le texte prévoit aussi, inscrit dans le marbre, des investissements et une délimitation entre les investissements privés et publics dans les ports. Un texte qui se rapproche des souhaits de l’Europe à poser un cadre de la politique portuaire.
Dunkerque en faveur de la réforme
Dès les premières annonces et pendant les négociations avec les partenaires sociaux, les anciens ports autonomes souffrent. Tous? Non. Dunkerque se démarque. Le port septentrional argue qu’il a déjà mis cette réforme en place depuis plusieurs années sur des terminaux comme le QPO (Quai à Pondéreux ouest) et le terminal à conteneurs. Pas opposé à la réforme, il milite en sa faveur. La loi adoptée et entrée en vigueur, c’est ensuite le tour, dès l’automne, des négociations autour de l’accord-cadre. Depuis le mois de novembre, les partenaires sociaux négocient localement pour l’application de la réforme. Transfert de l’outillage et détachement du personnel sont étudiés pragmatiquement par les acteurs. Dans le même temps, mais avec un peu de retard, le gouvernement et les ports ont mis en place leurs nouveaux organes de décision.
Les places portuaires se préparent mais la crise économique qui sévit depuis le mois de septembre ne facilite pas les choses. À Marseille-Fos, les choses évoluent difficilement. Au Havre, à La Rochelle et à Rouen, des mouvements sporadiques viennent secouer, en ce début de printemps 2009, les quais français. « Nous irons jusqu’au bout », a répété Dominique Bussereau, secrétaire d’État aux Transports le 10 mars.
Si des mésententes locales créent des frictions, d’autres points de la réforme avancent, à l’image de la négociation sur la convention collective unique ou sur la pénibilité du travail.
La réforme se met en place pour que les ports français soient prêts lors de la relance économique. La seule variable inconnue demeure la date de la reprise de l’activité économique. Certains parlent de 2010, d’autres de 2011. Au final, 2009 sera sacrifiée sur l’autel de la réforme quand les concurrents des ports français continuent d’investir à coup de milliards. En France, le plan d’investissement ne devrait pas atteindre les 100 M€.