En 2008, le grand port maritime de Rouen a progressé de 2 % à 22,7 Mt. Un trafic que l’établissement n’avait pas enregistré depuis 2000. La comparaison est intéressante. À la fin du XXe siècle, Rouen avait réalisé 16,1 Mt de trafics hors céréales et 6,7 Mt de céréales. En 2008, le premier s’établit à 16,34 Mt et le second totalise 6,35 Mt. Les 350 000 t de différence entre ces deux années, à peu près identiques, attestent que la diversification opérée prend à petit feu, sachant que le trafic céréalier est passé de 29 % à 26 %.
Les vracs solides acteurs de la progression
La progression des trafics s’est principalement opérée sur les vracs solides avec une hausse de 20,4 % à 9,2 Mt. Principal poste de ce secteur, les céréales ont tenu le haut du pavé avec une augmentation de 22,5 % à 6,3 Mt. La seconde moitié de la campagne 2007-2008 a été difficile. Dès le printemps, les trafics céréaliers ont repris. Le meilleur début de campagne, selon la direction du port. Le seul bémol, la faiblesse des pois et févéroles à l’export, est largement compensé par les importations de graines de colza destinées à la production de l’usine Saipol/Diester. Les engrais solides ont pratiquement doublé et les autres vracs solides non alimentaires marquent aussi une progression. Le charbon, les granulats, l’attapulgite et la bauxite se portent bien.
Du côté des vracs liquides la situation est bien différente. Ils enregistrent une baisse de 7,7 % à 10,8 Mt. D’avril à septembre, les produits pétroliers raffinés ont subi une baisse. Le ralentissement des importations de produits aux États-Unis explique en partie ce phénomène. Un facteur structurel est également à prendre en compte: l’arrêt de vapocraqueur de la raffinerie d’Exxon Mobil, la reprise du site de Shell Petit-Couronne et sa période de transition ainsi que l’augmentation de l’offre sur le gazole par la raffinerie Total de Gonfreville l’Orcher, dépendant du port du Havre. Les autres vracs liquides, notamment les engrais, sont en hausse mais dans une trop faible mesure pour compenser les pertes des produits raffinés.
Les diverses en perte
Enfin, les marchandises diverses ont suivi la tendance des vracs liquides. Elles perdent 7 % à 2,6 Mt. Les principaux postes de ce secteur sont en régression. Les conteneurs perdent 7 % à 142 000 EVP. Un phénomène qui s’explique par des mouvements de compagnies. Si certaines ont consolidé leur présence sur le port rouennais, à l’image de l’Alliance Casablanca, d’autres ont décidé de partir. Ce fut le cas de Safmarine, opérateur sur l’Afrique, dont les volumes ont été en partie compensés par un regain d’activité de Delmas. Sur l’Afrique, destination phare du port rouennais, l’arrivée de Portline assure désormais une desserte vers les pays d’Afrique lusophone. La baisse s’explique également par les mouvements sociaux qui ont touché les lignes sur les Antilles, la Guyane et le nord du Brésil.
Des investissements importants
Rouen a pris depuis plusieurs années le cap d’investissements conséquents. Après avoir consacré une enveloppe de 30 M€ en 2007, il remet la même somme sur le tapis. Principal projet, l’arasement du chenal d’accès. « Nous devons adapter notre port aux demandes des opérateurs. Le trafic céréalier change et nous voulons changer avec lui », a indiqué Philippe Deiss, président du directoire du GPMR. Un projet qui nécessitera une enveloppe de 600 00 €. D’autres opérations publiques viennent accompagner ce projet comme l’extension du terminal à conteneurs. Une extension sur 250 m supplémentaires permettra de développer ce secteur. Viendront aussi, la réhabilitation des quais et terre-pleins du terminal à conteneurs, l’amélioration du terminal de Grand Quevilly et la continuité des mises aux normes ISPS des terminaux. Le privé participe également au développement. La fonction logistique du port est reconnue et plusieurs sociétés de logistique ont soit prévu, soit démarré la construction d’entrepôts sur la plate-forme logistique de Rouen et à Honfleur.