Les positions se durcissent sur le port de Marseille. Depuis un mois et demi, les agents d’exploitation CGT du grand port maritime observent des grèves perlées qui paralysent le terminal conteneurs de Mourepiane, et lui seul. Ils ont été rejoints dans la lutte par les 130 ouvriers de l’Union Naval Marseille, entreprise que le groupe Boluda a décidé de liquider pour se replier sur Barcelone. Conteneurs, formes de radoub, terminal fruitier (après le départ d’Agrexco), une situation explosive se concentre sur un kilomètre du yard marseillais.
Face à cette situation, le patronat tient droit dans ses bottes en répétant que la loi sur la réforme portuaire doit s’appliquer sur les bassins Est et qu’elle ne peut souffrir d’exception. Tandis que la gouvernance du GPMM qui n’a toujours pas achevé sa mise en place (les deux adjoints du président du directoire n’ont pas été désignés), effectue difficilement ses premiers pas dans un climat de crise économique et sociale.
Incidents au siège du GPMM
Le 16 mars a été une journée symbolique de la guerre des tranchées qui se met en place. Alors qu’une délégation de dirigeants marseillais rejoints par les instances dirigeantes du GPMM
Résultat, la délégation patronale qui n’avait pu entraîner les élus locaux à leur suite (seul Roland Blum, adjoint UMP au maire avait fait le déplacement), pouvait se prévaloir du soutien de l’Élysée et du fait que la réforme portuaire « est suivie personnellement par le Président de la République ». À cette assurance, répondait comme en écho, la colère des licenciés de l’UNM qui voyaient dans leur emportement le signe de la légitimité de leur action.
« Les 130 salariés de l’Union Naval Marseille vont pointer au chômage. C’est en tout, avec les sous-traitants, l’emploi de 500 travailleurs de la réparation navale qui est menacé sans que les responsables portuaires et économiques parlent de plan de relance ou de reprise. La colère est grande, elle risque de déborder et de prendre des formes illégales », avait pourtant averti Patrick Castellano, leader CGT de l’UNM à l’issue du conseil de surveillance extraordinaire convoqué la veille, 16 mars, à la demande du préfet de région. Juste auparavant, les principaux dirigeants du GPMM, faisant un retour sur la réunion, annonçaient qu’entrepreneurs et politiques « partageaient bien la même vision d’avenir sur les bassins marseillais », et sur le fait « que Marseille ne peut pas se passer d’un port industriel solide ». Une telle vérification nécessitait-elle la convocation d’un conseil extraordinaire alors que le feu social menace d’embraser l’ensemble du port de Marseille? « C’était juste une réunion pour la communication », avait beau jeu de dénoncer Pascal Galaoté, le secrétaire de la section CGT du GPMM.
La délégation reçue: Stéphan Brousse, Pdt UPE 13, Jacques Pfister, Pdt CCIMP, Patrick Daher, Pdt GPM Marseille, Marc Reverchon, Pdt UMF & Conseil Développement GPMM, Jean-Marc Forneri, Administrateur GPMM, Roland Blum, 1er adjoint Mairie de Marseille et administrateur GPMM, Dominique Paret, délégué général UFIP.
Les formes de radoub en self-service?
L’UNM avait la concession des formes de radoub 8 et 9, des installations uniques en Méditerranée mis à part Palerme. Avec le départ du groupe Boluda qui jouait un peu le rôle d’assemblier de la réparation navale, elles pourraient, en attendant un hypothétique repreneur, être louées à la demande, notamment par des armateurs locaux, gros consommateurs d’interventions techniques. Une idée émise par Jean-Claude Terrier, président du directoire du GPMM qu’a immédiatement dénoncée la CGT. Le syndicat serait plutôt partisan de la création d’un GIE réparation navale comme l’a proposé Marie Georges Buffet, la responsable du PCF lors d’une rencontre avec les ouvriers.