Le rapport 2009, portant sur les différentes catégories de transport maritime en 2008, du courtier français Barry Rogliano Salles vient de sortir. L’édito de Jean-Bernard Raoust, président de BRS, est « musclé », faisant référence à la peste qui s’abat sur le monde maritime (entre autres) et à ce qu’en a écrit Jean de la Fontaine « mal que le ciel en sa fureur inventa pour punir les crimes de la terre ».
Le monde maritime est seulement coupable de « l’utilisation sans retenue de l’argent abondant et bon marché que les banques et les investisseurs ont déversé […], gonflant le carnet de commandes à un niveau record et les prix des vraquiers d’occasion à des sommets tout à fait irréalistes ».
« “L’irrationnelle exubérance” des marchés maritimes a conduit le carnet de commandes de record en record, sans aucune rationalité, au moins dans le domaine du vrac sec et partiellement dans le conteneur ». Mais la crise qui a « figé » le monde maritime est celle des banques et de la finance, et dont personne « n’avait vraiment prédit l’ampleur ».
Des cycles bons et mauvais, le maritime a en connus au cours de sa longue histoire mais « pour la première fois, les sources de financement traditionnelles se sont taries; les banquiers et les investisseurs ont d’autres priorités, à commencer par leur survie. Des engagements non ou mal financés vont être annulés ». Une grande partie des nouveaux chantiers spéculatifs et les opérateurs tardivement arrivés dans le secteur vont disparaître, prédit Jean-Bernard Raoust.
« C’est un exercice un peu nouveau pour le monde maritime qui entame une immense partie de poker menteur entre chargeurs, armateurs, constructeurs et banquiers dans le seul but de renier à moindre coût la parole donnée et l’engagement pris ». Mais il ne faudrait pas « abuser de la situation en faisant valoir des prétentions exorbitantes et destructrices ». Le président de BRS rappelle les bienfaits de la crise qui permettraient aux compagnies de corriger leurs « propres excès » en annulant, par exemple, les commandes non encore mises en chantier dans le vrac.
…mais les plus riches survécurent
« Cinq ans d’euphorie ont permis aux vrais armateurs professionnels de s’enrichir considérablement et la crise va offrir des opportunités à tous ceux qui ont su agir avec raison et constituer des réserves. » BRS n’a aucun doute, l’activité maritime n’est pas menacée car la mondialisation des échanges est un « phénomène sans retour ». La seule vraie question est « à quand le retour des équilibres? ». Et là, BRS n’a pas plus de boule de cristal en 2009 qu’il n’en avait en 2007.
À cette lointaine époque, l’association du transport aérien international (IATA) n’évoquait cependant pas un éventuel phénomène de « déglobalisation » de l’économie