Crise ou pas, pour le gouvernement espagnol et les présidents des ports concernés, le lancement des autoroutes de la mer est perçu de façon extrêmement positive. « La situation économique est difficile mais nous tablons sur une reprise de l’économie qui justifiera ce projet », a déclaré Mariano Navas, président de l’Organisme public des ports de l’Etat (OPPE).
Manuel Moron, président du port d’Algésiras, voit avec satisfaction l’inclusion future du port andalou et souligne l’importance de la connexion marocaine. « Nous maintenons des contacts réguliers avec les responsables du Tanger Med qui sont intéressés par tout ce qui peut faciliter l’écoulement de produits marocains vers l’Europe », précise-t-il. Jesus Paz, président du port de Vigo, et Fernando Menendez Rexach, président du port de Gijón, n’ont pas caché non plus leur satisfaction.
Dans le secteur privé, la prudence est de mise. Aucun responsable d’Acciona n’avait fait le déplacement à Paris, confirmant ainsi le mutisme persistant de cette entreprise sur le projet. La presse spécialisée espagnole fait état depuis plusieurs mois des réticences face à un projet jugé « antiéconomique » notamment en ce qui concerne l’obligation du service quotidien pour pouvoir obtenir la subvention.
Trasmediterranea, la filiale de transport maritime demeure une épine couteuse au pied d’Acciona. Le groupe s’est vu contraint en janvier une augmentation de capital de Trasmediterranea (110 M€) et vient d’annoncer une réduction de capacité de près d’un tiers de ses navires. La vente envisagée il y a quelques mois est en stand by faute de repreneurs « au prix souhaité par Acciona » note un bon connaisseur de l’entreprise. Le président des transporteurs de Gijón, Enrique Riaño, juge lui que Saint-Nazaire « n’est pas situé dans le centre de l’Europe » et s’interroge sur l’intérêt de faire monter les camions dans des navires. Il aurait souhaité que la subvention aille aux transporteurs routiers mais le gouvernement espagnol n’a pas l’intention d’introduire un soutien de ce type. Seul le gouvernement régional basque l’a fait pendant le quatrième trimestre de 2008 (ce qui a dynamisé en fin d’année le trafic sur Bilbao-Zeebrugge opéré par Transfennica) et les professionnels catalans demandent au Gouvernement autonome (Generalitat) d’en faire de même.