Affecté à la ligne Caen-Portsmouth, le Mont-St-Michel n’est pas à proprement parler un navire révolutionnaire. À l’origine, il devait être une copie allongée du Normandie. Mais, liée à la stratégie commerciale fret de la compagnie, l’une des exigences imposait un gain d’espace dans les garages. Défi technique relevé car, affichant 173 mètres de long, 28,5 m de large et jaugeant 35 586 UMS, le Mont-St-Michel offre 2 250 m de roulage, soit 30 % de plus que le Normandie pour seulement 12 m de longueur en plus. Ce qui lui permet d’embarquer 2 170 passagers, 830 voitures ou 125 camions et d’offrir 812 couchettes. « Un gros volume sur un bateau court, résume la direction. Il s’agit d’un navire confortable, spacieux et qui fonctionne bien. Il répond aux activités fret et passagers sans que l’une ne nuise à l’autre. Modèle d’ergonomie, il offre de nouveaux espaces spécifiques pour mieux accueillir les passagers et mieux répondre à leurs attentes en constante évolution. Modèle de compacité, le navire adjoint aux critères de productivité commerciale des volumes généreux attribués aux espaces passagers. » Le choix d’une structure à deux tambours machines latéraux (c’est-à-dire deux cheminées sur les côtés plutôt qu’une au centre) s’est alors très vite imposé, sans pour autant sacrifier à la fonctionnalité de la salle des machines.
Classé « Confort 2 » par le Bureau Veritas
Côté propulsion, le Mont St-Michel a vu l’apparition des moteurs MaK de la série M43 (4 moteurs d’une puissance totale frôlant les 30 000 chevaux) qui, plus sobres et moins polluants, lui confèrent une vitesse de 21 nœuds. L’étude la carène a favorisé les performances du navire tout en respectant les critères de stabilité et en faisant du car-ferry un bateau très marin. L’attention a notamment porté sur les appendices (safrans, lignes d’arbre, hélices…) ainsi que sur les moteurs montés sur plots élastiques afin de réduire considérablement les bruits et vibrations. Les efforts des architectes navals ont été d’ailleurs été récompensés par l’obtention d’une notation « Confort 2 » délivrée par le Bureau Veritas. « Référence dans l’industrie de la croisière, cette norme est peu fréquente dans l’industrie du ferry, commente la direction. Le Mont-St-Michel a d’ailleurs été un des tout premiers à en bénéficier. Déclinés autour de la thématique de l’art du voyage, la conception des espaces publics est basée sur la recherche du juste équilibre entre des concepts commerciaux innovants et des contraintes d’exploitation fortes. »
Sur le plan des avancées venant renforcer l’agrément de la traversée, on note un système de climatisation qui favorise les préférences individuelles et l’agencement modulaire des cabines. Le Mont-St-Michel offre en effet un nouveau concept de couchettes rétractables qui transforme les cabines (de 2 à 4 couchettes) en véritable petit salon privatif. Quelques détails esthétiques n’ont pas été oubliés: plus larges, les coursives du navire facilitent la circulation des passagers et optimisée, la lisibilité des espaces offre un meilleur repérage. Dans le même ordre d’idée, l’éclairage des garages a été particulièrement soigné pour éviter l’inévitable stress que rencontrent les passagers sortant des espaces publics bien éclairés pour atterrir dans des garages très sombres. Du coup, le Mont-St-Michel a hérité en Angleterre du surnom de « car park ship ».
Ce transbordeur de grande classe a également été conçu avec la volonté affichée de préserver au mieux l’environnement. « Il est équipé de caisses à combustible à double coque, les déchets sont triés et les eaux usées sont traitées », soulignent les services techniques.
« Aussi richement orné que les autres unités de l’armement, le Mont-St-Michel est parti d’une idée simple découlant de son nom, explique le conseiller artistique Erwann Rougé: décliner le Mont tel qu’on ne le voit pas en utilisant des peintures, photographies et sculptures originales conçus dans styles figuratif et abstraits conçus. »