Construit en 2004 au chantier allemand Jos L. Meyer de Papenburg, le Pont-Aven est considéré comme le navire amiral de la compagnie. Long de 185 m, large de 31 m et jaugeant 41 000 UMS, il est propulsé à 27 nœuds par une motorisation poussée de 58 000 chevaux, assurée par quatre moteurs MaK de 14 500 cv chacun. « Plus grand, plus rapide et encore plus confortable que les autres unités de la flotte, il a été conçu pour augmenter la productivité et la compétitivité de l’armement », résume-t-on à la direction de l’armement. Histoire de rester concurrentiel face aux transports aérien et ferroviaire, Brittany Ferries avait alors choisi l’option de l’accroissement de la rapidité des traversées, mais sans toucher à la notion de confort qu’elle a d’ailleurs été la première à initier sur le transmanche. Deux idées directrices pas toujours simples à concilier. « Le Pont-Aven supplante ainsi, non seulement tous les autres navires de l’armement, mais également tous les autres ferries exploités en Europe de l’Ouest », souligne la direction.
Rendu bien plus manœuvrant, grâce à son propulseur latéral arrière, une innovation chez BAI, le très grand car-ferry a bénéficié d’un important travail réalisé sur les formes de carène qui l’a rendu moins gourmand en énergie. « À vitesse égale, la consommation en carburant est en effet 25 % inférieure à celle d’un ferry traditionnel ». Et le système de traitement des eaux usées dont il est doté lui a valu le label « Clean Sea » (mer propre). Depuis la dernière flambée des cours du pétrole, les commandants ayant eu pour consigne de naviguer plus économiquement et la compagnie insiste moins sur cette notion de rapidité des traversées. Mais la notion de confort est inchangée.
La traversée devient croisière
« L’agencement des espaces garage et des espaces publics constitue un véritable axe de progrès », explique Pierre Denneulin, responsable du département Etudes & Projets de la BAI. La grande capacité de garage sur seulement deux ponts explique l’importante largeur du navire qui frôle les 32 m. Résultats: 650 voitures et 20 camions sur une longueur de roulage de 1 500 m. De plus, accessible par deux rampes fixes, le pont calette (situé sous le pont garage principal) permet des opérations rapides de chargement et déchargement, simultanés à celles du pont no 3. Une fluidité opérationnelle qui réduit la durée des escales. Par ailleurs, les espaces publics et les 650 cabines sont principalement regroupés sur deux ponts, facilitant ainsi l’orientation des passagers.
À ce côté très rationnel et fonctionnel très bien pensé, s’ajoute ce qui a toujours fait la réputation des ferries de la BAI: le raffinement des agencements, de la décoration et des services. Un choix délibéré qui avait déjà donné naissance à la célèbre formule: « When crossing becomes cruising » (quand la traversée devient croisière). Et qui dit croisière, dit forcément paquebot, le must des navires à passagers. « C’est un navire à mi-chemin entre le ferry classique et le paquebot de croisière », avait d’ailleurs résumé feu le Président Alexis Gourvennec lors de sa bénédiction.
Affirmation que ne manque pas de confirmer la visite des 4 500 m2 d’espaces publics, agencés et décorés par le cabinet nantais A.I.A. en collaboration avec le consultant artistique Erwan Rougé. Navire large et lumineux, le Pont-Aven offre des volumes confortables où la hauteur sous plafond des espaces commerciaux atteint 2,45 m.
« Autant le Bretagne avait été décoré sur un mode assez traditionnel, autant la thématique retenue pour le Pont-Aven est celle d’une Bretagne moderne, dynamique, ouverte sur le monde et partageant ses traditions et sa culture dans un esprit de fête », explique Erwan Rougé. Très riche, le choix des matériaux allie, dans le restaurant, la présence du végétal avec les tissus verts et fuschia à la beauté des marbres verts, du vinyle écru et du bois blanchi, alors que l’ambiance de l’avant du navire est renforcée par les habillages et revêtements en bois foncé et blond. À la métallerie des inox et aluminiums, se juxtapose le teck ou les pierres de granit, dans une atmosphère de verre gravé. Et s’il y en a pour tous les goûts, l’unité de la décoration reste pourtant préservée.