Selon le ministère français de la Défense, il y a eu 37 attaques dans le golfe d’Aden en novembre, 23 en décembre, 17 en janvier et 11 en février. Les bâtiments des forces internationales sur zone, ou même les navires marchands menacés, ont repoussé 24 des 28 agressions du début de l’année. Une escadre de l’OTAN a patrouillé d’octobre à décembre, puis a passé le relais à celle de l’Union européenne déployée pour un an dans le cadre de l’opération Atalante.
En outre, l’agence de presse chinoise Xinhua a annoncé le 26 février que le destroyer lance-missiles Haikou (6 800 t de déplacement à pleine charge) avait empêché, deux jours auparavant, des pirates somaliens de s’emparer d’un navire de commerce italien victime d’une panne de machines dans le golfe d’Aden. Ce dernier, immobilisé au large de la Somalie, a signalé par radio que deux vedettes rapides suspectes se dirigeaient vers lui. L’hélicoptère du Haikou, envoyé sur place, a tiré deux coups de semonce en direction des pirates qui ont pris la fuite.
Enfin, le 27 février, la Marine américaine a fait chavirer un bateau pirate et capturé ses neuf occupants, qui ont été remis aux autorités du Puntland le 2 mars pour y être jugés.
Par ailleurs, le même jour, le secrétariat de la présidence de la République d’Ukraine a reconnu que « la part du lion » de la rançon, remise le 5 février à des pirates somaliens pour la libération du cargo ukrainien Faina, a été versée par le magnat Viktor Pinchuk. Les autorités ont en effet fait appel à des hommes d’affaires, car « aucun chapitre du budget de l’État n’est prévu pour la libération d’otages ». Un communiqué des services du magnat en question, actif dans la construction de tuyaux pour l’industrie, les media et les organisations charitables, a même précisé que « Viktor Pinchuk avait,en fait, fourni la somme requise pour assurer la libération des marins retenus en otages à bord du Faina ». La rançon, fixée à l’origine à 3,2 M$ par les pirates en raison de la nature de la cargaison d’armes et de 33 chars T-72 de l’ère soviétique, aurait en réalité atteint environ 4 M$, selon les media ukrainiens.
Escalade au large du Nigeria
L’OMI a demandé au gouvernement du Nigeria d’intervenir pour réduire le nombre d’attaques de pirates au large de l’Afrique de l’Ouest. Son secrétaire général Efthimios Mitropoulos a souligné la nécessité d’une action urgente, à l’occasion d’une visite du nouveau ministre nigérian, Ibrahim Bio, au siège de l’OMI à Londres fin février. Les attaques de pirates dans le golfe de Guinée et au large du Nigeria ont récemment augmenté. L’International Maritime Bureau en a répertorié plus d’une centaine en 2008, dont la plupart n’ont pas été officiellement signalées, et redoute une escalade comparable à celle dans le golfe d’Aden. Ainsi, le 10 février à 22 milles au large du Nigeria, le pétrolier Aramis de l’armement grec Tsakos Shipping a essuyé des coups de feu tirés d’une embarcation chargée d’une dizaine de pirates. L’incident a été filmé en vidéo par l’équipage qui l’a transmise aux media, afin de soutenir l’action de l’armateur en vue d’une présence navale coordonnée dans la région comme dans le golfe d’Aden. Selon Tsakos Shipping, le commandant d’un remorqueur local, qui portait assistance à un VLCC, a été tué début février.
De son côté, le syndicat d’officiers Nautilus UK demande également au gouvernement britannique d’agir pour la libération du commandant Robin Hughes, retenu en otage depuis plus de cinq mois. Celui-ci avait été enlevé à bord du navire de servitude offshore Blue-Ocean dans le delta du Niger.