Les semaines passent et les conteneurs s’entassent dans les terminaux métropolitains. Les chargeurs s’en « débarrassent » ainsi mais refusent qu’ils soient embarqués car leur livraison demeure incertaine. En période de crise, délicat de faire payer le stationnement à quai, note un représentant d’une compagnie maritime « alors on négocie avec les ports ». Globalement, en sortie d’Europe, les navires partent chargés entre 30 % et 50 % de leur capacité et reviennent avec pas grand chose. La banane guadeloupéenne arrive à charger mais toujours pas la martiniquaise en dépit de l’annonce optimiste de la Chambre d’agriculture du 22 février (JMM du 27/2; p. 4). En temps normal, un navire revient avec 250 à 270 × 40′ reefers chargés de 20 t. de bananes antillaises. Celui du 28 février a chargé environ 60 × 40× de bananes guadeloupéennes.
À Pointe-à-Pitre, les 2 et 3 mars aucun conteneur n’est sorti du terminal, les dockers ayant durci le mouvement. Le 4, ils ont accepté de « libérer » les frigos et les conteneurs « urgents ». Pour sortir, les seconds doivent cependant être accompagnés d’un document officiel de la préfecture aux couleurs de la République et non plus d’un simple courriel. Chaque matin est un jour nouveau pour les opérateurs portuaires. Toutes compagnies confondues, sur le terminal de Pointe-à-Pitre, il y a près de 4 000 EVP pleins en attente de livraison. Et 3 000 EVP vides chez les importateurs.
Les navires sont cependant travaillés assez correctement et les transbordements de bananes arrivant du Surinam se poursuivent. Peu d’opérateurs portuaires se risquent au moindre pronostique en matière de sortie de crise.
À Fort-de-France, la Pointe-des-Grives est proche de la saturation car peu des conteneurs sortent: les frigos et les « urgents » dans le meilleur des cas. La banane reste dans les plantations car les barrages « gardiennés ou non » se sont multipliés aux abords du terminal. Il reste à savoir si les 200 € compenseront la perte de salaire des ouvriers agricoles, qu’ils soient employés par des planteurs béké ou non.