L’idée de réforme portuaire était née à Marseille. C’est là également que se déroule le plus grand mouvement de résistance contre ce changement. Depuis bientôt un mois, les bassins Est sont touchés par des mouvements de grèves qualifiées de « surprises » et « d’illégales » par les représentants des entreprises portuaires. La CGT du GPMM mène sur les quais marseillais des escarmouches incessantes contre « l’application dogmatique de la loi qui ne tient pas compte de la situation économique ». La semaine dernière encore, des shifts ont été shuntés par l’action syndicale. D’après la direction d’Intramar, le principal manutentionnaire de cette partie du port, le mouvement a touché « les navires des armements Agrexco, Borchard, CMA CGM et MSC étant en rade ou à quai pour certains depuis plus d’une semaine ». Face à « la poursuite de ces mouvements sporadiques des agents du GPMM qui détruisent l’activité marchandise des bassins Est », le manutentionnaire a décidé de mettre « en mode dégradé le terminal conteneurs de Mourepiane ». En accord avec l’armateur, le travail des conteneurs se fera à la grue de bord en régie et la réception-livraison routière s’effectuera entre 6 h 30 et 12 h 30 seulement. Les bateaux non gréés ne pourront plus être travaillés. « Ces mesures peuvent être modifiées en fonction de l’évolution de la situation », précise la même source.
Du côté du GPMM qui n’a pas encore achevé la mise en place de sa gouvernance, l’élaboration du plan stratégique, et en particulier de son chapitre sur les transferts vers le privé, coince du côté du personnel. La maintenance des outils de levage ferait bien partie de la privatisation de l’exploitation des terminaux conteneurs, comme le demandent les entreprises de manutention. L’activité de croisière et plus globalement de transport de passagers devrait connaître elle aussi des transferts. Les changements dans les services comme les gares maritimes, la réparation navale, la maintenance générale apparaissent plus flous. Quant aux terminaux hydrocarbures et chimiques, la filialisation pourrait se réaliser hors participation privée (voir article sur l’UFIP). Bref, la direction du GPMM n’a pas encore arrêté les contours des prochaines entités portuaires. Pire, ils paraissent se mouvoir au gré des pressions des uns et des autres.