Le directoire de SeaFrance missionné la veille par le Conseil de surveillance de l’entreprise a présenté au comité d’entreprise extraordinaire du 17 février un plan de redressement beaucoup plus sévère qu’attendu. Ce plan prévoirait, s’il était effectivement appliqué, une réduction d’effectif de l’ordre de 650 emplois sur 1 700, « qui affecterait le personnel navigant et sédentaire », indique l’entreprise. Il s’agirait d’une « réorganisation profonde de l’entreprise », et non pas seulement d’une réduction de flotte. Seuls les trois navires les plus récents, les SeaFrance-Rodin, Berlioz et Molière seraient alignés, les deux fréteurs actuels, les SeaFrance-Cézanne et Nord-Pas-de-Calais sortant de flotte. Les Manet et Renoir sont déjà en vente et ne trouvent pas preneur. « Une douche froide », commentait, sonné, le représentait CFE/CGC des officiers Christophe Lunel, joint le soir même. Des assemblées générales devaient se succéder dans la journée du 18 février. Aucun mouvement de grève n’était encore envisagé au moment où nous mettions sous presse. Les partenaires sociaux attendaient en particulier le résultat d’une contre-expertise financière commandée par le CE au cabinet Secafi Alpha. Selon le directoire, le marché du fret a baissé récemment de 20 %. SeaFrance en détenait 20 %. La compagnie française perd 23 % de volume de fret en janvier 2009 comparé à janvier 2008. Le retour à pleine capacité d’Eurotunnel aggravera le phénomène. Le fret est la principale source de revenu sur le détroit. La compagnie a perdu 20 M€ en 2008, et « perd chaque mois environ 3 M€ depuis octobre », affirme le directoire.
Avec ce plan, la direction vise « un retour à l’équilibre dès 2010 » et ambitionne de « redevenir une compagnie maritime forte à l’horizon 2011 ». La compagnie compte pour cela sur le soutien de la SNCF son actionnaire, et affirme qu’elle « privilégiera le dialogue social pour définir avec les partenaires sociaux un ensemble de mesures adaptées ».