Autre crainte des agents du GPMM, la crise mondiale qui affecte les échanges commerciaux bouleverse tous les schémas de prévision. Enfin, la santé chancelante des entreprises de manutention de la place marseillaise est loin de donner de l’ardeur aux personnels de l’établissement public pour tenter l’expérience du privé. La CGT dénonce d’ailleurs « l’engagement à minima » pour l’emploi des manutentionnaires. Tous ces éléments conduisent la CGT a demandé que les bassins marseillais soient mis temporairement hors loi de la réforme nationale portuaire. « On ne peut pas s’engager dans une application stricto sensu de la loi sans tenir compte de la précarité de la manutention sur les bassins Est à Marseille ».
C’est ce qui a notamment été rappelé par Pascal Galéoté, responsable CGT des agents du GPMM lors d’une rencontre « spontané » le 9 février avec Patrick Daher, président du conseil de surveillance de l’établissement public et l’ensemble des représentants des armements qui relâchent à Marseille. Un certain courant serait passé entre les interlocuteurs à partir de « leur intérêt commun objectif à développer les bassins Est. » Patrick Daher a pu rappeler que les négociations sur les conditions du transfert vers le privé des personnels n’étaient pas closes et pouvaient encore s’étendre sur quatre mois.
Les arguments et échanges développés entre les deux parties ont-ils porté? Le lendemain, mardi 10, les agents du GPMM réunis en assemblée générale décidaient la reprise du travail. Les navires de la CMA-CGM ou de Marfret dédiés au trafic entre Marseille et l’Algérie pouvaient enfin être traités. Ceux de MSC et de Borchard avaient déjà été déroutés. Peu avant la reprise, l’UMF avait dénoncé « ces grèves surprises, déclenchées au dernier moment, qui ont de nouveau pris en otage des navires, des marchandises et des entreprises, déjà malmenées par une conjoncture difficile pour tous. » Tandis que le manutentionnaire Intramar s’était plaint que ces mouvements aient « pour effet de (nous) imposer les coûts des équipes de dockers inemployés et de retarder le travail sur les bateaux de nos clients ».
Paralysie pendant une semaine
Pendant une semaine, entre le 3 février et le 10 février, les grutiers et portiqueurs du GPMM (ex-PAM) ont observé plusieurs mouvements de grève qui ont paralysé le trafic sur les bassins Est. L’inquiétude de ces personnels qui doivent être versés dans les entreprises de manutention est à la base de cette éruption sociale. Elle est triple. Le devenir industriel et commercial des bassins marseillais d’abord. Ces derniers connaissent depuis plus d’une décennie une hémorragie des trafics dont le dernier épisode s’est illustré avec le départ de l’exportateur israélien Agrexco avec un tiers du trafic fruits et primeurs (200 000 t).
Parallèlement à cet affaiblissement qui interpelle également les professionnels, une extraordinaire pression foncière, notamment conduite par l’opération urbaine Euroméditerranée, s’exerce sur toute la partie littorale du port entre l’Estaque et la Joliette. Et la municipalité marseillaise conduite par Jean-Claude Gaudin ne cache pas ses préférences pour le tourisme de croisière et les opérations immobilières de prestige.
R.V.