Les éditions PTC ont publié, en deux volumes, un ouvrage intitulé « Mémoire de la French Lines ».
Le premier retrace l’histoire du port du Havre et celle de la Compagnie générale transatlantique (CGT), très imbriquées pendant 150 ans. Entre 1820 et 1920, 34 millions d’Européens émigrent aux États-Unis et autant en Amérique du Sud. Le Havre a longtemps symbolisé la porte d’accès au Nouveau Monde, pour ne pas dire au rêve américain, surtout à partir de 1864. À cette date, est inaugurée la liaison sur New York de la CGT, constituée neuf ans auparavant par les frères Émile et Isaac Pereire, financiers de leur état. Dès 1860, ils obtiennent la concession des lignes postales Saint-Nazaire/Vera Cruz et Le Havre/New York avec obligation d’assurer un service régulier et rapide pour les passagers et le fret. Ils créent leur propre chantier à Saint-Nazaire pour y faire construire des navires à voiles et à vapeur. Le service transatlantique, mensuel au début, devient hebdomadaire dès 1876. Avec le XXe siècle, naît le grand paquebot, véritable « ville flottante » imaginée par Jules Verne. La CGT devient « French Line », sans « s », pour la clientèle anglo-saxonne, comme l’indique une étiquette de bagage de 3e classe de la liaison « New York-Plymouth-Havre » rédigée en anglais. Les navires sont de plus en plus grands, luxueux, innovants et rapides. Le France-II, mis en service cinq jours après le naufrage du Titanic en 1912, est un véritable Versailles flottant avec des décors des XVIIe et XVIIIe siècles. En 1928, l’Île-de-France est doté d’une catapulte pour lancer un hydravion à 400 km des côtes, afin d’acheminer le courrier urgent avec un jour d’avance. Le Normandie, qui dispose d’un chenil pour les chiens de compagnie, bat le record de la traversée de l’Atlantique le 3 juin 1935 avec 29,98 nœuds de moyenne et remporte le trophée du « ruban bleu ». D’autres navires se sont aussi fait un nom.
Les auteurs se ont servis de l’abondante documentation de l’association French Line pour illustrer cette saga de l’âge d’or du mariage de la CGT avec le port du Havre.
Le deuxième volume est davantage consacré au dernier fleuron de la Compagnie générale transatlantique, à savoir le France dernier du nom. Son histoire reste dans les mémoires: pendant maritime de l’avion supersonique Concorde des années soixante à son naufrage annoncé en 1974, avant de refaire surface sous le nom de Norway. Il revient pour la dernière fois au Havre le 17 septembre 2001. D’autres paquebots connaissent aussi une vie mouvementée: le Povence coulé par un sous-marin allemand en 1916, le Georges-Philippar disparu dans l’océan Indien lors de son voyage inaugural en 1932, le Paris victime d’un incendie fatal au Havre en 1939, comme le Normandie à New York en 1942. Mais il y a eu aussi des moments plus joyeux dans la vie des grands paquebots, égayée par la présence de stars comme Fernandel, Jean-Claude Killy, Anouk Aimée, Alfred Hitchcock, Kim Novak, Luis Mariano, Johnny Halliday et même Brigitte Bardot… en 1952, alors jeune danseuse inconnue!
Mémoire de la French Lines
François Hauguel, Patrick Peslier et Aymeric Perroy
Éditions PTC
29 pages et 24 € pour chacun des deux volumes
ISBN: 978-2-35038-022-X
ISBN: 978-2-35038-043-8