Le Sirius-Star, battant pavillon libérien et appartenant à une filiale du groupe pétrolier saoudien Aramco, a été relâché le 9 janvier contre une rançon de 3 M$, parachutée sur le pont! Détourné le 15 novembre à 450 milles au sud-est du port kenyan de Mombasa, il comprend 25 membres d’équipage de nationalités britannique, polonaise, croate, saoudienne et philippine et un chargement de pétrole évalué à 100 M$. Cette libération a fait des victimes… parmi les pirates! Cinq d’entre eux se sont en effet noyés dans le naufrage de l’une de leurs embarcations à cause du mauvais temps. Deux jours auparavant, le cargo turc Yasa-Neslihan, détourné en octobre, a été relâché avec ses 20 membres d’équipage, tous turcs, dans le golfe d’Aden après versement d’une rançon dont le montant n’a pas été divulgué. Le navire, transportant du minerai de fer en provenance du Canada, est reparti vers la Chine, sa destination initiale.
En revanche, les versements de rançons n’ont pas été confirmés pour les libérations des Delight, Karagol et African-Sanderling. Toutefois, les délais de libération correspondent à la durée moyenne de négociations entre les pirates et les armements, d’autant plus qu’aucune action militaire n’a été signalée à leur sujet. Le vraquier Delight, affrété par l’Islamic Republic of Iran Shipping Lines, a été libéré avec ses 25 membres d’équipage le même jour que le Sirius-Star. Il avait été attaqué en novembre au large du Yemen, alors qu’il se rendait d’Allemagne en Iran avec 36 000 t de blé. Le chimiquier turc Karagol, également détourné en novembre avec ses 14 membres d’équipage turcs et 4 000 t de produits chimiques destinés au port indien de Mumbai, a été relâché le 13 janvier. Le vraquier African-Sanderling, appartenant à des intérêts sud-coréens mais exploité sous pavillon de Panama par un opérateur japonais, a été libéré deux jours plus tôt. Il avait été détourné le 15 octobre avec ses 21 membres d’équipage philippins. Enfin, le sort du cargo ukrainien Faina, capturé en septembre avec 33 chars T-72 de fabrication russe, pourrait être réglé prochainement, d’après les pirates qui ne réclament plus que 5 M$ au lieu de 20 M$ au début. Le navire n’avait pas été libéré à l’heure où nous mettions sous presse.
Présence internationale
L’Espagne va accroître sa participation dans l’action européenne anti-piraterie dans le golfe d’Aden, actuellement limitée à un avion de patrouille maritime. Celui-ci sera renforcé par une frégate et un bâtiment de soutien. Toutefois, le Parlement doit d’abord donner son aval au projet du gouvernement.
Par ailleurs le 8 janvier, soit deux jours après l’entrée d’une force navale chinoise dans le golfe d’Aden, les États-Unis ont annoncé la mise sur pied d’une nouvelle force de lutte contre la piraterie, sans plus de précisions. La Marine américaine coordonne déjà les activités des « Combined Maritime Forces », coalition navale d’une vingtaine de pays, dont notamment l’Union européenne (opération Atalante), l’Inde et la Malaisie. Les pirates appréhendés par les différentes Marines sont remis aux autorités du pays le plus proche du lieu de leur capture.
Prime de risque sur les pétroliers
Les équipages de pétroliers transitant par le golfe d’Aden son payés double. C’est ce qu’a déclaré le 11 janvier à l’agence Reuters Saleh al-Shamekh, président de la National Shipping Company of Saudi Arabia, lors d’une conférence sur l’énergie à Dubaï. Il a précisé que les pétroliers voyagent en convois à une distance de 1 000 km de la côte somalienne par mesure de sûreté, ce qui augmente aussi les coûts.