L’application de la réforme portuaire dans la ville qui a été à son origine est loin de soulever l’enthousiasme chez les professionnels. Au contraire, les signes d’impatience, pire de désillusion se multiplient à Marseille. Les chefs d’entreprise espéraient le grand chambardement dans l’établissement public. Pour certains, c’est déjà « une simple opération de relookage ». « Cela ne va pas assez vite, et ce n’est pas assez fort ».
Dégraisser le mammouth portuaire
Comme pour les autres ports, les délais de la feuille de route fixés à Jean-Claude Terrier, président du directoire du GPMM, étaient intenables. Résultat, l’installation du Conseil de surveillance n’aura lieu que le 23 janvier et la première mouture du projet stratégique communiquée fin mars. Soit deux à trois mois de retard. Cette temporisation ne serait rien si la mue du GPMM n’était pas recouverte du voile du secret. Résultat, les pires rumeurs courent sur le yard. Stéphan Brousse, président de l’Union patronale régionale s’étonne de la méthode. « Comment peut-on mener une réforme sans communiquer, ni informer? ». Jean-Claude Terrier a beau prévenir que l’étendue de la réforme ne se mesurera pas au dégraissage du « mammouth portuaire » comme le dénomment ici les professionnels. Rien n’y fait. La pilule de la filialisation de l’activité pétrole est mal passée. Et il faudra attendre deux ans pour que le transfert de l’exploitation commerciale des marchandises diverses bascule de manière opérationnelle vers le privé. Deux ans de patience en lieu et place du grand soir espéré et alors que la crise mondiale guette.
Paris au port de Marseille
Dernier avatar, la composition du Conseil de surveillance du GPMM a demandé des arbitrages dignes du Quai d’Orsay. Daté du 5 décembre 2008, l’arrêté portant nomination n’est d’ailleurs paru que le 9 janvier au Journal officiel. « Les inspecteurs des finances vont-ils remplacer les X’Ponts? ». Ils forment une composante importante dans ce Conseil. Curieusement à l’heure où l’État fait le plus appel à l’initiative privée dans les ports, il n’aura jamais été aussi présent dans le premier niveau de gouvernance de l’établissement public. Face aux entrepreneurs de la place, Jean-Claude Terrier s’est félicité du « gratin de l’administration » qui siègera quatre fois par an à la Joliette. « Il n’y a pas que le TGV qui met Paris aux portes de Marseille », sourit amèrement un chef d’entreprise qui croyait que la réforme portuaire aller donner plus de pouvoir de décision à l’échelon local.