Fruit des travaux réalisés au sein des animations du Pôle mer Bretagne, le projet Nacre est né d’une réflexion commune sur la problématique de l’impact d’un navire sur son environnement. « Nous avons constaté que les prises en compte sociétales sur ce thème étaient suivies de réactions politiques, commente l’animateur Marc Bœuf. Il nous est donc clairement apparu que les réglementations allaient se durcir. » En pleine réflexion sur le sujet, le Pôle mer s’est également vu approché par l’armement Louis Dreyfus, à la recherche de solutions techniques efficaces concernant la qualité du rejet des eaux de cale. Ce fut sans doute le facteur déclenchant d’un projet plus vaste qui, englobant toute la problématique des rejets en mer, a su réunir autour d’une même table des armateurs (Louis Dreyfus armateurs, Genavir, Marine nationale), des instituts de recherche et des écoles (Ensieta, Ifremer, ENMM de Nantes, Laboratoire d’analyses de Lorient, École des métiers de l’environnement), et des industriels (Veolia, Bertin Technologies, DCNS).
La réflexion a ainsi mûri pour aboutir au projet Nacre (NAvires Conduits dans le Respect de l’Environnement) qui, porté par DCNS, a été labellisé début 2008. Etalé sur trois ans, il va démarrer concrètement début 2009. « Le navire zéro rejet reste l’objectif du projet, même si on sait qu’on ne l’atteindra pas dans l’immédiat, reprend Marc Bœuf. Mais on pourra au bout du compte diminuer l’impact d’un navire sur son environnement grâce à des solutions testées, validées, qualifiées et installées à bord des navires. »
Rejets gazeux, liquides et solides
Concrètement, Nacre va plancher sur les rejets gazeux (traitement des fumées et récupération des produits toxiques dans l’échappement) sur les rejets liquides (eaux, grises, eaux noires, eaux carburées…) et les rejets solides (optimisation de ce qui monte à bord et de ce qui reste à bord). Il s’agit d’une approche globale très pragmatique qui se veut tout sauf théorique ou par trop sophistiquée ou alambiquée. « Nous ne voulons pas que ça soit seulement un rapport de plus. Nous souhaitons expérimenter à bord des navires et trouver des solutions qui, pour les armateurs, tiennent la route d’un point de vue économique. »
Étalé sur trois ans, Nacre va se diviser en trois phases. La première va consister à réaliser un inventaire hiérarchisé des problèmes et à mettre en face des solutions qui ne soient pas trop complexes. La deuxième va focaliser sur le cahier des charges et le développement en R&D de ces solutions. L’expérimentation à bord des navires constituera la troisième et dernière phase.
Et le projet Nacre va s’attaquer tant aux problèmes des futurs navires qu’à ceux rencontrées par les navires existants. « La réduction des rejets des navires existants doit leur permettre au moins d’atteindre la réglementation actuelle », explique Marc Bœuf. Mais les protagonistes veulent dès maintenant anticiper en développant des solutions techniques qui incluent les réglementations futures dont tout le monde envisage le durcissement.