Banque mondiale: vous avez aimé 2008? Vous allez adorer 2009

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Cette baisse du commerce international est principalement causée par une baisse « soudaine » de la demande alors que la crise financière mondiale engendre une récession « rare » et « simultanée » dans les pays à revenu élevé et un ralentissement « soudain » dans les pays en développement.

Le resserrement du crédit mondial est susceptible de toucher plus particulièrement l’investissement privé, qui constitue l’élément du PIB le plus cyclique et le plus « commercialisé » au niveau international.

Dans le même temps, le resserrement du crédit restreint le financement des exportations.

On a déjà une preuve « anecdotique » que les crédits des banques commerciales se font plus rares et que les recettes des exportations deviennent plus difficiles à assurer.

Parallèlement, les sociétés exportatrices pourraient réduire leurs expéditions si leur accès aux lignes de crédit est limité. Enfin, la crise est associée à des fluctuations marquées et « imprévisibles » des taux de change qui auront également pour conséquence d’alourdir les échanges commerciaux.

Les signes d’un ralentissement économique sont visibles depuis quelques temps (la croissance de la demande américaine d’importations a déjà chuté en 2005), mais ils se manifestent à un rythme beaucoup plus progressif que ce qui s’est produit auparavant, par exemple lors de la brusque correction de 2001 lorsque la croissance des importations avait chuté de + 15 % à − 5 % en un an.

La baisse progressive actuelle de la croissance de la demande signifie que certains pays exportateurs ont eu le temps de se positionner sur des marchés dont la croissance est plus élevée dans les pays en développement.

Par exemple, alors que la part des exportations de l’Inde vers les États-Unis a chuté de 17,1 % en 2004 à 15,3 % en 2007, la part des importations indiennes venues de Chine a augmenté de 5,5 % à 8,4 %.

De plus, bon nombre de pays (beaucoup sont situés en Amérique latine) qui ont connu un ralentissement des exportations à cause d’une baisse de la croissance de la demande américaine ont bénéficié d’une augmentation des prix des matières premières.

Croissance des échanges intra-Asie

De plus, l’impact sur le volume du commerce mondial a été atténué par la forte croissance du commerce intrarégional en Asie de l’Est qui est largement occasionnée par l’intégration continue de la Chine sur les marchés mondiaux. La croissance des exportations et des importations de la Chine a continué à dépasser les 20 % au cours des deux dernières années alors qu’à l’extérieur de la Chine, la croissance des exportations est restée « solide ».

Ces facteurs d’atténuation et de compensation ne seront « probablement » plus au rendez-vous en 2009.

Les pays pauvres, plus pauvres

Le ralentissement de la demande d’importations des pays à revenu élevé s’est accru; il ne reste plus beaucoup de centres de croissance vers lesquels les exportations peuvent être redirigées et les prix des matières premières sont en train de chuter.

Ainsi, les pays en développement sont voués à connaître une chute « soudaine mais probablement temporaire » de leurs recettes d’exportations.

Les pays dont les réserves sont insuffisantes pour soutenir la croissance des importations miseront sur une dépréciation de leur taux de change jumelée à un ralentissement de la croissance pour restreindre leurs importations.

Les envois de fonds à destination des pays en développement, qui ont atteint environ 283 Md$ en 2008 ont commencé à diminuer dans la seconde moitié de l’année et devraient chuter « brusquement » en 2009.

Les revenus des migrants en monnaie locale devraient être réduits par la récession dans les économies industrielles, la baisse des recettes dans les pays exportateurs de pétrole à revenu élevé et par le ralentissement de la croissance dans de nombreux pays en développement qui sont des destinations pour les immigrants.

Les projections de référence prévoient que les envois de fonds dans les pays en développement diminueront pour passer de 1,8 % à 1,6 % du PIB des pays récepteurs en 2009, mais l’ampleur de la baisse dans chaque pays dépendra beaucoup des fluctuations des taux de change.

Les récentes fluctuations des taux de change bilatéraux ont compensé les baisses attendues des envois de fonds libellés en monnaies locales. Celles-ci vont donc également jouer un rôle déterminant.

Balances commerciales déboussolées

La récession mondiale et la baisse du commerce mondial et des prix des matières premières qui l’accompagnent auront de « lourdes » conséquences sur les balances commerciales des pays, souligne la Banque mondiale.

Les positions de surplus du Japon et de la zone Euro devraient augmenter pour se chiffrer à 240 Md$ et 180 Md$ respectivement pour l’année 2009, alors que les prix des matières premières diminuent et que les volumes des échanges commerciaux se contractent.

Malgré l’amélioration des termes de l’échange des États-Unis, le déficit actuel du pays devrait s’alourdir encore davantage, passant de 770 Md$ en 2008 (soit 5,4 % de son PIB) à 830 Md$ en 2009 (soit 5,8 % du PIB). Le brusque revirement négatif de la tendance des échanges commerciaux mondiaux frappe particulièrement « durement » les États-Unis: les volumes des exportations devraient chuter de 2,6 % en 2009 tandis que les importations devraient diminuer de 1,1 %.

Dans l’ensemble, le déficit des pays de l’OCDE à revenu élevé devrait diminuer d’environ 185 Md$ pour se chiffrer à 375 Md$ au cours de l’année.

La réduction des déficits des pays industriels est contrebalancée par une baisse des surplus des pays exportateurs de pétrole à revenu élevé et des pays en développement.

Le surplus de la balance commerciale des pays en développement devrait chuter, passant de son sommet de 500 Md$ en 2007, soit 3,7 % du PIB de ces pays, à 333 Md$ en 2009, soit, 2 % de leur PIB. Alors qu’on s’attend à ce que le surplus de la Chine (et donc de l’Asie de l’Est) augmente, dans d’autres régions les surplus devraient diminuer ou les déficits, s’alourdir.

Pour évaluer l’impact qu’aura la récession mondiale sur les balances commerciales, il suffit de regarder les pays regroupés en fonction de leurs principales matières premières commercialisées (en excluant la Chine parce que son surplus massif de presque 400 Md$ en 2008 masque les développements sous-jacents dans les pays plus petits).

La chute attendue de 26 % du prix du pétrole et de 23 % des prix des produits non pétroliers modifiera les termes de l’échange en faveur des pays importateurs de denrées alimentaires et de pétrole, à la suite d’au moins cinq années d’importantes pertes.

Pour les pays en développement exportateurs de pétrole, la chute de la demande mondiale réduira à la fois les prix du pétrole et les volumes des exportations (qui devraient passer d’une croissance de 5,1 % en 2008 à 0,3 % en 2009). Leur surplus chutera de son sommet de 6,4 % du PIB en 2008 à 1,4 % en 2009. En revanche, le déficit des balances commerciales des pays en développement importateurs à la fois de pétrole et de denrées alimentaires sera presque diminué de moitié, passant de 8,1 % de leur PIB en 2008 à 4,3 % en 2009 en raison de la baisse des prix des matières premières et d’un brusque ralentissement des importations de 8,1 % en 2008 à 1,5 % en 2009.

Retour vers la stabilité espérée en 2010…

L’impact de ces développements mondiaux devrait commencer à se dissiper en 2010 lorsque les prix du pétrole se stabiliseront, les prix des produits non énergétiques baisseront de seulement 4,3 %, et lorsque le commerce mondial amorcera sa reprise.

La crise financière a provoqué des fluctuations importantes dans les taux de change durant l’automne 2008. Presque toutes les monnaies mondiales se sont dépréciées face au dollar et au yen, reflétant ainsi un mouvement vers les valeurs refuges de qualité que sont les bons du Trésor américain, la fonte des balances commerciales libellés en yens et le désendettement des banques, des sociétés et des investisseurs. Aucune monnaie des pays en développement ne s’est appréciée face au dollar de plus de 0,5 % pendant cette période.

En moyenne, les monnaies des pays en développement ont chuté d’environ 15 % face au dollar, mais les monnaies des pays à revenu élevé (sauf celle du Japon) se sont également dépréciées. En règle générale, la compétitivité des États-Unis, du Japon, de la Chine (dont la monnaie a tenu le coup face au dollar), et celle des pays dont les monnaies ont été arrimées au dollar auront diminué; la compétitivité des pays dont les monnaies se sont dépréciées se sera donc améliorée sur ces marchés.

Par conséquent, l’élan important fourni par les exportations nettes à la croissance américaine est susceptible de s’atténuer. Dans le même temps, les exportations nettes sont susceptibles de soutenir la reprise de la croissance de nombreux pays en développement.

…mais tout est vraisemblable

Le paragraphe consacré aux « risques principaux et incertitudes » est remarquable: le resserrement des marchés du crédit, la chute des marchés boursiers, les variations importantes des taux de change et des prix des matières premières ainsi que des réactions politiques sans précédent ont contribué à créer un environnement « extrêmement incertain » pour les acteurs du marché ainsi que pour les prévisionnistes. Plusieurs issues possibles pour l’économie mondiale restent « vraisemblables » dans la conjoncture actuelle, même en supposant « qu’un effondrement catastrophique des marchés soit évité ». Il est « raisonnable » de s’attendre à ce que la croissance mondiale du PIB augmente en 2009, de 1,4 % au maximum et de 0,4 % au minimum, à comparer à 0,9 % escompté. « L’intervalle de confiance des prévisions pour 2010 est encore plus important ».

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