Dominique Bussereau a reçu peu avant Noël une sorte de cadeau: le courrier de l’Association des utilisateurs de transport de fret lui demandant « solennellement la création d’une instance de suivi de la réforme qui rassemblerait toutes les parties concernées et serait notamment en charge de mesurer la performance économique des effets de la réforme sur le court et long terme et d’alerter sur des dérives ou décisions néfastes à la réalisation des objectifs de celle-ci ».
Les chargeurs semblent se souvenir de la façon dont fut « oublié » le suivi économétrique des effets de la réforme du travail portuaire de 1992.
Pour justifier leur demande, les chargeurs soulignent qu’ils ont soutenu le principe de la réforme et salué la manière dont elle fut conduite jusqu’à l’accord cadre national (JMM, 7 novembre 2008, p. 4). Mais « après ce début plein de promesses, nous constatons depuis peu des hésitations ainsi que des décisions qui nous apparaissent comme des retours en arrière par rapport à l’objectif premier qui a motivé cette réforme: créer les conditions d’une vraie restauration de la compétitivité dans nos ports et fournir ainsi des outils performants aux acteurs du commerce international ».
L’AUTF exprime sa « première inquiétude » en constatant la « faible présence dans les organismes de gouvernance desdits acteurs qui font le commerce extérieur. Nous sommes ainsi plus qu’étonnés de voir qu’un représentant du secteur de la collecte des droits d’auteurs a été préféré à des industriels qui, de part leurs fortes activités sur tel ou tel port, sont en mesure d’apporter aux fonctionnaires des différents directoires une vision prospective ainsi qu’une réelle expérience de la compétition internationale. »
Le mauvais signal de Lavera
« Plus grave est le dénouement des derniers mouvements sociaux qui ont affecté le terminal pétrolier de Lavera, menacé d’être soumis à un statut de terminal d’intérêt national, contrairement à toutes les assurances données il y a encore un mois. Cette première reculade est non seulement néfaste pour l’aboutissement des objectifs de la réforme mais pourrait également faire tâche d’huile dans d’autres situations similaires. »
Cette reculade n’est pas la première: il y eut celle, mémorable, relative à la manutention des méthaniers devant faire escale au second terminal de GDF durant le printemps 2007. Le directeur de cabinet du Président Sarkozy doit s’en souvenir; Christian Frémont était alors préfet des Bouches-du-Rhône.
« Dans ces conditions et dans un climat politique qui pousse à remettre à plus tard les réformes susceptibles d’être la source d’agitation sociale, il nous apparaît, à nous chargeurs, clients des ports, et acteurs majeurs du commerce international de la France, urgent de protéger les fondamentaux d’une réforme encore fragile et d’éviter tout dérapage qui pourrait nuire au but à atteindre lors du processus de finalisation qui risque d’être encore long. »
Le 7 janvier à midi, l’AUTF n’avait pas reçu de réponse à son courrier.