Stabilisation des prix du pétrole en 2009 et adaptation des armements

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Pour l’Administration américaine sur l’énergie, le ralentissement économique mondial devrait être plus sévère et plus long que prévu. Elle estime à 50 000 barils par jour (bpj) la baisse de la consommation mondiale de pétrole en 2008 et à 450 000 bpj en 2009, en raison de la contraction de 1,2 Mbpj aux États-Unis en 2008 et de 200 000 bpj de plus en 2009. Cela représente une diminution pendant deux années de suite pour la première fois en trente ans. En revanche, une enquête de l’agence Reuters, réalisée en novembre auprès de onze analystes, banques et groupes industriels, ne prévoit qu’une baisse de 20 000 barils par jour en 2008 et 2009.

Selon l’Agence internationale de l’énergie, la chute brutale de 100 $ du prix du baril de pétrole brut, depuis le début de la crise financière en septembre 2008, a ébranlé les économies des pays producteurs comme l’Arabie Saoudite, la Russie et le Venezuela, et freiné massivement les investissements dans des projets pétroliers nouveaux comme les sables bitumineux du Canada.

La demande de pétrole baissera sur le plan mondial, car les automobilistes utilisent moins leur voiture et la production industrielle diminue. Mais elle ne devrait baisser que de 40 000 bpj dans des pays émergents dont ceux du Moyen-Orient, l’Inde et surtout la Chine, qui a contribué à l’augmentation record des prix pétroliers depuis six ans. Toutefois, selon la Banque mondiale, la crise financière va considérablement ralentir la croissance économique partout en 2009, mettant un terme à cinq années de hausses des prix du pétrole et de divers produits. Enfin, l’Administration américaine d’information sur l’énergie anticipe une croissance mondiale de 0,5 % en 2009 contre 2,7 % cette année.

Retombées maritimes

La crise économique va retarder l’entrée en flotte de navires neufs. En outre, l’importance croissante de la protection de l’environnement devrait stimuler la consommation de gaz, au détriment de celle du pétrole car la demande d’énergie dans le monde ne devrait pas fléchir. Les armements au pétrole et au gaz s’adaptent en conséquence. Mitsui OSK Lines (Japon), Teekay Corporation (Canada), Broström Tankers AB (Suède) et Exmar (Belgique) évaluent le contexte global et leur situation particulière.

Mitsui OSK Lines (MOL) anticipe une amélioration du marché du transport de pétrole brut avec l’arrivée de l’hiver, la sortie progressive de flotte des navires à simple coque et la raréfaction des constructions neuves par suite de la crise du crédit.

En 2008, MOL a procédé rapidement au renouvellement de sa flotte, qui ne compte plus que des unités à double coque.

Teekay Corporation, coté à la bourse de New York, n’a pas souhaité s’exprimer sur les perspectives du marché du pétrole et de la demande de navires-citernes, en raison de la prochaine publication de ses résultats d’activité au quatrième trimestre. Le 15 décembre, Teekay Corporation et l’armement Frontline ont décidé d’exploiter en commun leurs unités suezmax dans le pool Gemini, qui comptera 36 navires. Teekay Corporation dispose d’une flotte de 180 navires et emploie 6 400 personnes dans 17 pays. Frontline, coté à la bourse d’Oslo jusqu’en 1997, est aujourd’hui domicilié aux Bermudes et coté à New York. Teekay Corporation assure 10 % du transport maritime du pétrole brut. Par l’intermédiaire de ses filiales cotées en bourse, il est impliqué dans le transport du gaz naturel liquéfié (Teekay LNG Partners L.P), celui des autres vracs liquides (Teekay Tankers Ltd) et l’offshore (Teekay Offshore Partners L.P.). Il anticipe une hausse de la demande mondiale de gaz naturel d’au moins 50 % d’ici à 2030, poussée surtout par le besoin d’énergie non polluante. La plupart des gisements de gaz se trouvant très loin des centres de consommation, la demande de transport maritime sera donc accrue. En outre, la capacité de liquéfaction dans le monde devraient doubler dans les vingt prochaines années, mais des difficultés locales pourraient ralentir la construction des installations à terre. Teekay Corporation vise donc les sites de tailles petite et moyenne, capable de produire 1 Mt à 2 Mt par an.

Broström Tankers AB est très actif sur le marché, très volatil, des produits pétroliers. Celui de l’Europe et les États-Unis, dont les économies matures sont touchées par la crise financière, ne progresse guère. En revanche, l’Asie connaît une croissance économique certaine. S’y ajoutent deux éléments clés: la demande et l’offre de navires. Par suite de la crise, tous les navires commandés ne seront pas livrés. Mais, indique Patrick Decavèle, président-directeur général de Broström France, ceux de taille moyenne (45 000 tpl) ne manqueront pas, compte tenu de l’obsolescence de la flotte et de la sortie des navires à simple coque d’ici à 2015. Il n’y aura donc pas de surcapacité théorique, ni même de manque de navires de ce type. Broström Tankers exploite, à partir de Paris, des navires de 37 000 tpl où il n’y a pas de surcapacité de l’offre, et, de Göteborg, des unités de moins de 25 000 tpl dont la couverture contractuelle est satisfaisante. Malgré la crise économique, Broström Tankers s’estime en bonne position pour l’année prochaine.

En 2008, il s’est diversifié en Asie en intégrant la société Petroship de Singapour et ses navires de 45 000 tpl. Il a aussi reçu trois navires de 15 000 tpl de l’armement turc Dunya. De son côté, Broström Tankers France a conclu, avec l’armement allemand Claus-Peter Offen, un accord d’exploitation de 8 unités de 37 000 tpl . Mais l’événement le plus important reste l’offre publique d’achat lancée par le groupe danois A.P.Møller Mærsk. Selon Patrick Decavèle, les actionnaires dits A (environ 29 % du capital) du comité des actionnaires de Broström AB ont accepté l’offre de 3,62 MdSEK (332,2 M€) et ont recommandé aux autres de faire de même. Cette offre était valable jusqu’au 26 novembre avec possibilité de prolonger jusqu’au 16 janvier, si la direction de la concurrence de la Commission européenne n’avait pas encore donné son accord. C’était le cas à l’heure où nous mettions sous presse. Si la situation persiste, une prolongation supplémentaire est possible.

Exmar constate que la chute des prix des produits pétrochimiques a conduit à une pause de la production de tout ce secteur industriel. Mais, a déclaré son directeur général Nicolas Saverys à l’agence Reuters, le portefeuille de contrats à long et moyen termes d’Exmar le met à l’abri des soubresauts du marché spot. En 2007, Exmar a assuré 40 % du transport maritime de l’ammoniac et 10 % des gaz de pétrole liquéfiés dans le monde. Enfin, Nicolas Saverys a noté que les primes d’assurances n’ont pas grimpé à des niveaux exceptionnels, malgré la hausse des actes de piraterie en Somalie. Toutefois, il a précisé qu’Exmar a perdu environ 100 000 $ quand l’un de ses navires a dû attendre trois jours pour s’intégrer à un convoi protégé par une escorte de l’OTAN lors de la traversée du golfe d’Aden.

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