Les activités portuaires de Djibouti en plein essor
Le port de Djibouti demeure à la confluence stratégique de la circulation maritime internationale car il se situe au plus proche de la route empruntée par plus de 50 % de la circulation des échanges transitant par le détroit de Bab-El-Manded. Cette position géographique exceptionnelle permet aux infrastructures portuaires de Djibouti de compter sur une très grande variété d’activités, tant pour la desserte de toute la sous-région économique du COMESA (21 pays et 380 millions d’habitants) que dans l’éclatement conteneurisé. Au cours du dernier quinquennat, le trafic conteneurisé a plus que doublé et devrait largement dépasser les 375 000 EVP pour l’exercice 2008 avec un développement rapide des volumes en transbordement (46 000 EVP en 2007 grâce aux touchés de ZIM, PIL et MSC). Les activités actuelles se déroulent sur un terminal de 22 ha, disposant de 2 postes à quai sur un linéaire de 400 m et servis par 2 Reggiane Paceco et 2 grues portiques ZPMC. Ces infrastructures, en exploitation depuis 1985, seront progressivement reconditionnées pour d’autres trafics non-conteneurisés alors que les trafics seront tous orientés vers les nouvelles facilités de Doraleh situées quelques kilomètres au sud, à l’extérieur de la capitale Djiboutienne et eaux profondes.
Doraleh et les nouvelles ambitions régionales de DP World
Présent depuis 2000 à Djibouti, DP World a manutentionné ses premières boîtes le 15 décembre sur son nouveau terminal de Doraleh, extension située au sud des actuels terminaux et destinée à soutenir le développement stratégique de Dubaï dans toute la sous-région.
Les infrastructures de Doraleh présentent 1,2 MEVP de capacité, avec 4 portiques super post-panamax (ZPMC) déjà paramétrées depuis novembre pour opérer en twin-lift à 65 tonnes jusqu’au 23ème rang en pontée. Les deux autres grues seront livrées en janvier 2009 de même que le reste de la flotte des RTG (au nombre total de 16). Le quai d’une longueur de 1 050 m à 18 m de profondeur permettra le traitement simultané de trois navires. Les 480 prises reefers font de Doraleh le plus important point d’entrée/sortie portuaire de toute la sous-région pour les produits à température contrôlée. Il est adossé au complexe portuaire de Doraleh une zone franche où devrait continuer à se développer des activités industrielles et logistiques. Le coût total de l’investissement est de 400 M$ américains incluant la jetée de 2,5 km. La phase 2 de Doraleh planifie une extension pour fin 2011 à 3 MEVP de capacité.
Doraleh soutient l’ambition de DP World de disposer d’un plus grand contrôle sur les éclatements sous-régionaux soutenant la desserte des petits et moyens ports de la péninsule arabique, la sous-région de la Corne d’Or et les ports plus éloignés de la façade orientale africaine. Il est clairement établi que Salalah contrôlé par Maersk, Mascate (Oman) et Port Saïd en Egypte demeurent les concurrents directs de Doraleh même si Djibouti nourrit l’espoir de gagner des trafics et ainsi progresser dans la hiérarchie de toute la rangée orientale africaine.
Enfin, l’amélioration des conditions d’acheminement routier (voire d’hypothétiques améliorations ferroviaires) vers Addis-Abeba devraient à terme permettre de renforcer le rôle de porte d’entrée de Djibouti sur les marchés enclavés. 80 % du trafic total de Djibouti se compose des importations et exportations du marché éthiopien, auxquelles il convient d’ajouter une part croissante des faibles trafics en transit vers l’Erythrée au Nord et la Somalie au Sud. L’amélioration des conditions de pré et post-acheminements vise également à satisfaire les exigences des compagnies routières qui font transiter les produits raffinés reçus au terminal pétrolier également installé à Doraleh.
Enfin, parmi les marchandises diverses, il est à noter que le port de Djibouti demeure un des plus importants points de chargement d’animaux vivants avec des exportations de dromadaires, de moutons et de chèvres à destination principalement de l’Arabie Saoudite et de l’Egypte. Des navires de 100 000 bêtes ont été conditionnés pour recevoir des chèvres qui montent par leurs propres moyens alors que les dromadaires, sanglés à plusieurs, subissent une manutention verticale! Les autorités portuaires de Djibouti évoquent plus de 2 millions de tête de bétail qui ont été ainsi transité en 2007.
Avec plus de 7,5 Mt en 2007, le port de Djibouti compte sur la stimulation conteneurisée impulsée par DP World mais aussi sur l’augmentation des volumes manipulés dans le nouveau terminal de vracs secs, inauguré fin 2006 et propriété de la compagnie privée SDTV du Sheik Mohamed Hussein Al Alamoudi (Midroc Group). Ce dernier soutient la polyfonctionnalité des activités portuaires de Djibouti et permet le développement économique régional avec une station moderne qui permet sur 12 lignes de chargement la mise en sacs de 50 kilos de produits agricoles et d’engrais.