Le Brésil a beau posséder un réseau hydrographique de 42 800 km, seuls 13 646 km servent de voies navigables. Alors que les fleuves ont été largement utilisés pour l’exploration du pays, puis pour l’exploitation – entre autres – du bois et du caoutchouc, leur aménagement a été négligé depuis, au profit des transports terrestres. Au point de ne représenter que 7 % des transports effectués au Brésil, contre 60 % pour le réseau routier. José Renato Ribas Fialho, ingénieur spécialisé dans la régulation des services de transports aquatiques auprès de l’Antaq (Agence nationale des transports aquatiques), explique: « Le Brésil manque d’une culture des hidrovias (voies fluviales). Les investissements importants dans ce secteur ont fait défaut pendant de nombreuses années, tout comme les politiques publiques incitant à l’usage des hidrovias. Par ailleurs, la construction d’usines hydroélectriques se fait ici sans la mise en place obligatoire d’écluses, ce qui freine le transport fluvial. »
Actuellement, on assiste à une lente prise de conscience de l’importance des hidrovias, impulsée par l’Antaq. Son directeur général, Fernando Fialho, observe: « La faiblesse des hidrovias représente le principal obstacle rencontré par le secteur agricole. Au Brésil, le blé venant d’Argentine est moins cher que celui produit dans l’État de Rio Grande do Sul, c’est absurde! Jusqu’à 300 km de distance, l’usage des routes est sensé. Au-delà, non. » L’aménagement et le développement des voies navigables permettraient en effet de limiter les coûts logistiques, de gagner en compétitivité et de favoriser l’écoulement des cargaisons à forte valeur ajoutée, ainsi que des produits (principalement agricoles et minéraux) provenant du centre du pays. Différents travaux d’envergure ont été lancés: la construction des écluses de Tucuruí sur le rio Tocantins (la navigation commerciale sera possible dès 2010 entre Imperatriz et les abords de Belém, soit sur 680 km), la revitalisation du rio São Francisco (1 370 km seront navigables), la rénovation et la construction de 67 terminaux portuaires dans la région amazonienne, l’extension de la voie Paraguai-Paraná, l’élargissement de l’hidrovia Tietê-Paran. L’Antaq espère qu’à long terme les hidrovias représenteront 25 % du fret brésilien, et un volume de 160 Mt par an (contre 45 Mt aujourd’hui).