Les éditions de Conti ont publié un livre intitulé « tour du monde en cargo », en fait sur des porte-conteneurs de CMA CGM.
À l’origine, trois équipes de télévision se sont succédé pendant quatre-vingts jours sur plusieurs navires, pour réaliser une série de reportages diffusés sur FR3 dans le cadre de l’émission Thalassa, « le magazine de la mer ». Certains participants (journalistes, cameramen, ingénieurs du son et chefs-monteurs) ont eu l’idée de rassembler quelques souvenirs dans un livre. Nombreuses photos, fiches de présentation, extraits de carnets de voyage et témoignages permettent de revivre ce périple au départ du Havre: États-Unis, canal de Panama, Tahiti, Nouvelle-Calédonie, Australie, Japon, Corée du Sud, Chine, canal de Suez, Malte et retour au Havre. La vie quotidienne d’un équipage international en circumnavigation se déroule au fil des pages… avec ses états d’âme!
« Je crois qu’on a perdu l’essentiel de ce qui faisait la beauté du métier de marin. Il ne faut pas oublier que les premiers à avoir navigué sur des bateaux ont été aussi les premiers à découvrir le monde. Ils étaient des braves. Aujourd’hui, il n’y a plus beaucoup de respect pour notre boulot » (Mladen Svaast, commandant ). « Pour le même travail, un Croate ou un Français aura un salaire plus élevé que le mien, car leur standard de vie est plus élevé qu’en Asie. Mais en Asie, les mieux payés ce sont nous, les Philippins. Mieux que les Chinois, les Indiens, les Indonésiens » (Egmar, bosco). « J’ai perdu beaucoup d’années avec ce job. On passe à côté de la vie. C’est la conclusion que je peux en tirer maintenant après vingt ans de métier. Nous avons, d’un cerain point de vue, détruit notre vie. Chacun d’entre nous » (Eugène, marin). « Quand je suis à terre et que je dis que je suis second capitaine sur un porte-conteneurs, personne ne veut me croire…Quand je suis à bord et que je raconte aux autres marins qu’il m’arrive de mettre des jupes, des talons et du rouge à lèvres, personne ne veut me croire non plus! Ce sont deux vies différentes. Je suis féminine et aussi garçon manqué: c’est bien, j’ai deux vies! » (Marie, second).
Mais le livre donne des détails plus prosaïques. À Manzanillo, à l’entrée du canal de Panama, le commandant offre discrètement des cartouches de cigarettes aux douaniers, conformément à « l’usage » pour éviter les « tracasseries inutiles ». En 48 heures d’escale à Tahiti, aucun marin, sauf le steward pour raison médicale, ne va sortir du navire, devenu sa maison et même un véritable cocon!
Tour du monde en cargo
ouvrage collectif
Éditions de Conti
120 pages/29,90 €
ISBN: 978-2-35103-015-8