Les pays qui coopèrent avec le gouvernement intérimaire somalien peuvent désormais « recourir à tous les moyens nécessaires en Somalie et dans son espace aérien pour interdire le territoire somalien à ceux qui préparent, facilitent ou commettent des actes de piraterie et des vols en mer ». La force navale internationale sur zone, qui a réduit d’un tiers le taux de réussite des abordages de pirates, n’était en effet pas autorisée à les poursuivre sur le territoire somalien. En outre, « la Chine envisage sérieusement d’envoyer prochainement des navires dans le golfe d’Aden et au large de la Somalie », a déclaré à l’ONU son vice-ministre des Affaires étrangères He Yafei. L’Iran a déjà fait part de son intention d’intervenir, car deux de ses navires marchands ont été détournés par des pirates somaliens. À Dubaï, Mohamad Souri, président-directeur général de la National Iranian Tanker Company, a révélé que 5 VLCC, transportant 2 millions de barils de pétrole brut, ont fait cette année l’objet d’attaques d’une durée de 50 minutes à 4 heures et ont échappé aux pirates en forçant l’allure. Il préconise l’embarquement de gardes armés pendant la traversée du golfe d’Aden, si l’État du pavillon et la compagnie d’assurances du navire le permettent.
Par ailleurs et pour la première fois, les États-Unis ont plaidé en faveur du déploiement d’une force de maintien de la paix en Somalie, afin d’y ramener la stabilité nécessaire à la lutte contre la piraterie. Une résolution en ce sens pourrait être adoptée avant la fin de l’année. De son côté, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon a recommandé la mise sur pied d’une force de 10 000 hommes, mais aucun État membre n’a encore accepté d’en prendre le commandement.
Officiers de police à bord
L’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC) propose que les bâtiments militaires sur zone embarquent des officiers de police judiciaire de Djibouti, du Kenya, de la Tanzanie et du Yemen, habilités à arrêter des pirates et les déférer à la justice de leurs pays. Selon l’UNODC, il suffirait d’un accord en ce sens entre ces États et ceux des bâtiments en question. Des pays comme le Liberia, Panama et les Îles Marshall, États du pavillon de nombreux navires marchands saisis par des pirates somaliens, ne veulent guère juger des crimes commis très loin de leurs côtes. Des procès des pirates seraient plus faciles à organiser dans des pays de la région, que dans ceux dont les forces navales les ont capturés. C’est le cas de l’Union européenne, des États-Unis et de l’Inde, où « il existe des normes internationales strictes sur la protection des droits de l’Homme et la détention de suspects pendant une courte période », souligne l’UNODC.
Sur zone, la frégate indienne Mysore a secouru le cargo éthiopien Gibe et capturé 23 pirates le 13 décembre. Trois jours plus tard, des pirates somaliens se sont emparés d’un remorqueur indonésien, d’un cargo turc et d’un bateau de pêche chinois.