Le 3 décembre, le préfet maritime de l’Atlantique a fait le point sur le remorquage vers l’Angleterre de la Q790, appellation de l’ex-Clemenceau. Une opération quasi imminente programmée pour ce mois. « Le dossier me paraît extrêmement solide », a résumé le préfet maritime en répondant à certains mouvements écologistes qui remettent régulièrement en cause les capacités du chantier Able UK. Une opinion d’ailleurs partagée par l’association écologique Robin des Bois.
Pour Didier Lepine, spécialiste du Service du soutien de la flotte (SSF) et son collègue de la Drire (Direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement), le chantier britannique retenu après l’examen de 15 candidatures est pourtant « un des plus grands spécialistes européens en démantèlement de structures maritimes. » En 40 ans de pratique, il compte 13 centrales électriques amiantées, 11 raffineries et de très nombreuses superstructures démantelées pour le compte des majors pétroliers. Son très grand bassin de 300 m de long pour 150 m de large (soit 45 000 m2 de radier), peut accueillir en même temps trois porte-avions du type Clemenceau. « Able UK est le plus gros chantier de déconstruction d’Europe et l’un des plus gros du monde. Tant sur les plans technique et humain, son organisation performante lui permet d’optimiser les délais et de garantir la maîtrise du démantèlement durant toute l’opération. »
Il aura d’ailleurs besoin de toutes ces qualités pour tenir le délai contractuel d’un an en recyclant 92 % des matériaux constituant les 26 700 t lège de la coque Q790. Le produit de la vente de ces matériaux devrait couvrir les dépenses engagées par l’Etat français (10,7 M€) à hauteur de 60 % à 80 %. « C’est un chantier de haute technologie, fortement mécanisé, capable de travailler sur plusieurs navires en même temps et offrant au personnel des conditions de travail sécurisées », reprend le SSF qui, arc-bouté sur le principe du « rien ne se créé, rien ne se perd », a cependant exigé que la coque de l’ ex-Clemenceau soit matériellement séparée des autres structures en déconstruction. L’Autorisation d’exportation de matériel de guerre (AEMG) est attendue sous quelques jours et, après un délai de 7 à 10 jours de préparation, le remorqueur d’Able UK pourra convoyer en quatre jours l’ex-Clemenceau jusqu’à Teeside. À moins que le recours qu’entend bien déposer l’association environnementaliste brestoise AE2D ne vienne gripper la machine…