Journal de la Marine Marchande: Quel a été le poids des sinistres l’an dernier?
Denis Develey: Le début de l’exercice 2007 a été marqué pour l’assurance des corps de navire par une série d’événements majeurs, événements représentant un montant total de l’ordre de 700 M USD soit près de 15 % de la prime mondiale.
Ces événements ont principalement affecté l’exercice de souscription 2006 dont le rapport sinistres sur primes brutes mondial approche les 80 %, ce qui signifie pour les assureurs, une fois rajoutés à la charge des sinistres les coûts d’intermédiation, les frais généraux et les coûts de réassurance, une perte. Le rapport sinistres à primes brutes de l’exercice 2007 devrait, quant à lui, être supérieur à 80 % et ceci non pas du fait des événements majeurs moins nombreux que pour 2006 mais du fait d’un retour de la sinistralité attritionelle de fréquence. De plus L’augmentation du coût des réparations liée à l’évolution du prix de l’acier et au manque de place dans les chantiers de réparation vient alourdir la facture pour les assureurs.
JMM: Va-t-on vers une hausse des primes?
D.D.: Deux facteurs vont peser sur les prix. En premier lieu, les résultats enregistrés par le marché corps en 2006 et 2007 devraient logiquement conduire à une augmentation des taux.
Les marchés les plus agressifs ces dernières années en matière tarifaire ont obtenu des résultats difficiles, subi la faillite de certains acteurs (Bluewater). Ils ont démarré les premiers les augmentations tarifaires et ce de manière très significative. Cette politique conduit ces acteurs à perdre une partie de leur clientèle.
Notre stratégie est différente, nous préférons éviter les à-coups tarifaires et avoir une politique de long terme et de stabilité avec nos clients. Par ailleurs, on ne peut parler de prix sans faire référence à la crise financière qui secoue le marché mondial en ce moment.
Le besoin des clients, accentué par cette crise, de rechercher des compagnies offrant des sécurités de premier plan (rating AXA Corporate Solutions Standard and Poor AA-) ainsi que la nécessité pour les assureurs, face à une diminution de leurs produits financiers, de faire du résultat technique va conduire à une augmentation des prix. C’est le sentiment général du marché international. En ce qui nous concerne ces augmentations se feront en fonction des mérites propres et du niveau tarifaire actuel de chaque client.
JMM: Comment appréciez-vous la qualité d’un armement?
D. D.: L’assurance est un métier, le shipping en est un autre et il est essentiel que la connaissance de ces deux activités soit associée dans l’analyse du risque faite par l’assureur.
Pour répondre à ce besoin AXA Corporate Solutions dispose d’une équipe d’anciens commandants de navires qui assiste les souscripteurs dans l’analyse de leurs risques.
Cette équipe de huit commandants basée en France, en Allemagne et à Singapour, peut également intervenir à tout moment sur demande d’un client pour fournir un avis technique ou mettre en place un programme complet de gestion des risques afin de contribuer à la maîtrise de la sinistralité.
Apprécier les risques c’est bien connaître ses clients, c’est pour cette raison que les équipes d’AXA Corporate Solutions les visitent régulièrement. Les navires, qui par ailleurs font déjà l’objet de nombreuses inspections (sociétés de classification, autorités portuaires, P&I clubs), ne font pas de notre part l’objet d’une visite systématique. Notre objectif est d’avoir une vision la plus fine possible de l’activité, de l’organisation et du fonctionnement de notre client pour répondre bien sûr à ses besoins manière précise mais aussi pour apprécier la qualité de ses opérations. Par exemple, devant le manque actuel d’équipage qualifié au niveau mondial, il est important pour l’assureur d’obtenir de son client des informations sur ses méthodes de recrutement, de formation, sur le turn-over de ses équipes ou encore sur la qualité de la relation entre les équipes à terre et celles à bord du navire. Notre organisation, intégrant d’anciens navigants, mise en place depuis plusieurs années est de par sa dimension et sa qualité quasi unique sur le marché international et elle nous permet aujourd’hui d’affronter avec plus de confiance la crise économique qui arrive.
JMM: Quand la nouvelle police corps sera-t-elle opérationnelle?
D. D.: La nouvelle police corps est un contrat qui propose un ensemble de garanties très complet: dommages, responsabilité, bonne arrivée, pertes de bénéfices et risque de guerre. Répondant aux recommandations des directives de Bruxelles nous avons voulu bâtir ce produit en étroite concertation avec nos clients: les courtiers et les armateurs. Cette méthode, si elle ralentit le processus de fabrication, aura par contre l’avantage d’atteindre un résultat plus élaboré au bénéficie de nos clients. L’objectif est de sortir le produit au deuxième trimestre 2009. Un des atouts du marché français est sa capacité à gérer les sinistres intégralement en partenariat avec ses clients, et ce par opposition à la pratique de beaucoup de marchés qui « outsourcent » une grande partie de la gestion en la confiant à un loss adjuster. La gestion intégrale par l’assureur permet de réduire de manière significative le coût de gestion du sinistre, dans une période de récession ou chaque entreprise cherche à faire des économies, ce point est particulièrement important. En outre, c’est un moyen d’exprimer la qualité de notre service et de renforcer notre partenariat avec nos clients. Nous apéritons plus d’un tiers de notre portefeuille, nous sommes le troisième marché mondial en matière d’assurance corps. Avoir un imprimé international est l’outil qui nous manque pour continuer notre progression.