Des résultats serrés en 2008

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Toujours au cinquième rang mondial de l’assurance maritime et transport, selon le classement établi par l’IUMI, avec 1,34 Md$ de primes, le marché français garde sa quatrième place sur le marché de l’assurance corps, avec 439 M$ soit quelque 7,43 % de parts du marché mondial, malgré la modestie de la flotte sous pavillon français ou contrôlée par des intérêts français. En facultés, le marché français passe de la cinquième à la quatrième place, avec 907 M$ (782 M$ en 2006) soit 7,82 % du marché mondial.

Le marché français se situe toujours derrière la Norvège qui représente 13,43 %, les Lloyd’s 11,95 % et le Japon 8,48 %. Les assureurs japonais opèrent essentiellement sur leur marché domestique. Au contraire, le marché français est très international, les risques étrangers souscrits représentant 80 % du total des portefeuilles des assureurs français, par ailleurs souvent apériteurs de leurs risques.

Sur le marché des corps de navires, les assureurs français ont réalisé un chiffre d’affaires quasiment stable par rapport à 2006 (+ 0,7 %), selon l’enquête de la FFSA.

En présentant les résultats transport maritime de l’année 2007, Patrick de La Morinerie confirme que « le rapport sinistre à primes a connu, durant les dix dernières années une baisse régulière; mais les souscripteurs travaillent plutôt sur une période de quatre ans et sur celle-ci, la courbe se redresse ». Comme il l’a expliqué: « l’année 2007 a connu un rapport de sinistre à prime de 76 % ne permettant pas d’équilibrer les souscriptions, les sinistres plus les charges étant plus importants que les primes collectées, du fait d’une augmentation du coût moyen des sinistres qui ont frappé le secteur l’an dernier, tant en corps de navires qu’en facultés ».

Des propos relayés par Jean-Claude Mameaux, directeur chez Groupama Transport: « Entre les résultats un peu endémiques ces dernières années, l’évolution de la sinistralité, la piraterie, les cyclones, la crise boursière, il redevient absolument impératif de gagner de l’argent techniquement. Nous allons donc revenir à une situation où il faut s’attendre à ce que les assureurs soient contraints d’appliquer une politique de souscription et de tarification plus rigoureuse. »

Classés AA

Cependant le marché français demeure attractif car il offre une sécurité de premier plan: ses assureurs les plus importants sont classés double « A » par le rating Standard and Poor et aucun des autres n’est côté en dessous de « A ». Ils sont réputés pour être très sélectifs dans l’acceptation des opérations qui leur sont proposées. « Nous ne souscrivons que 15 % des opérations qui nous sont présentées », déclare Jean-Claude Mameaux, directeur chez Groupama Transport. De son côté, Denis Develey, directeur corps chez Axa Corporate Solutions déclare que son « hit ratio » est de 20 %. Les uns comme les autres n’assurent que des navires pourvus d’un certificat d’une société de classification membre de l’AIACS (Association internationale des sociétés de classification).

Sur le marché français, l’obligation imposée par les autorités de contrôle aux compagnies d’assurance française de ne pas investir 100 % de leurs fonds propres dans des actions mais de les diversifier à travers des obligations, de l’immobilier, des placements de bon père de famille etc… équilibre le risque pour les compagnies comme pour les assurés. Les ratios de solvabilité à observer légalement sont parmi les plus élevés au monde. Cette législation constitue un attrait supplémentaire du marché français, en cette période de crise boursière.

Les assureurs norvégiens, quant à eux, ont encaissé l’an dernier un montant de cotisations corps de 793 M$, supérieur aux assureurs français; mais après s’être montrés très agressifs les années précédentes au niveau tarifaire, ils doivent désormais pratiquer des augmentations assez significatives. Les assureurs français, au contraire, ont préféré jouer le long terme, pour éviter des à-coups tarifaires.

Cette attractivité des assureurs français devrait se voir encore confirmée en 2009, quand la nouvelle police corps actuellement en préparation sera présentée à toutes les parties prenantes de l’assurance maritime, avec ses déclinaisons « risques de guerre » et « pertes d’exploitation ».

Les trois leaders français de l’assurance maritime

En 2007, parmi les groupes avec un montant de cotisations supérieur à 5 M€ de cotisations (Affaires directes France uniquement, hors aviation et spatial), Axa, Groupama et Allianz Global Corporate and Speciality France mènent toujours la danse.

Axa était toujours leader du marché maritime français l’an dernier, avec 278,83 M€ de cotisations (239,15 M€ en 2006), soit 25 % du marché français, dont 70 % en facultés, 30 % en corps dont 15 % dans les chantiers navals.

Avec en portefeuille de très grands noms du shipping, à commencer par AP Moeller, Axa voit son volume de primes ainsi réparti: France 17 %, l’Italie où Axa possède un bureau arrive en deuxième position avec 15 %, puis viennent la Grèce 14 %, l’Asie 13 % (Corée, Chine et Singapour), États-Unis 8 %, du fait d’une grosse flotte de paquebots de croisière, l’Allemagne 7 %, la Belgique 4 %, le Danemark, 3 %, Chypre 2 % et la Turquie 2 %. Restent 13 % éparpillés à travers le monde. Axa a de belles apéritions, étant leader sinistres sur 30 % du volume de son portefeuille.

Groupama Transport est en seconde position en maritime (hors aviation et spatial), avec 158,53 M€ de cotisations, soit une légère diminution par rapport à 2006. L’assureur a réduit volontairement ses engagements sur les corps de navire. Avec 58 % de son chiffre d’affaires réalisé à l’international, Groupama transport poursuit son développement en Espagne, avec le renforcement de ses liens avec Groupama Seguros. L’assureur a ouvert un nouveau bureau à Gênes en 2007 et s’apprête à ouvrir un établissement à Riga, en Lettonie. Parmi ses six implantations internationales, Londres est devenu le deuxième centre de souscription après Le Havre.

Allianz Global Corporate & Speciality est troisième en maritime, avec 140,70 M€ de cotisations (130 225 M€ en 2006) dont 68 % en facultés et 32 % en corps. Présent dans 42 pays, l’assureur réalise 70 % de son chiffre d’affaire en Europe, 15 % aux États-Unis et 10 % en Asie.

Sur le marché des facultés, Allianz France a une position relativement moyenne par rapport au groupe Allianz dans le monde. Sa stratégie actuelle est donc de développer cette branche en synergie avec AGF Grands comptes qui a un portefeuille d’assurés grands clients corporates important. Des équipes ont été constituées et la prévention et le service ont été développés, dans cet objectif. Sur le « middle market », une équipe d’inspecteurs a également été constituée pour développer la RC des transporteurs terrestres, la RC des commissionnaires et les petites et moyennes entreprises avec une dimension d’exportation, donc davantage les chargeurs que le trading.

Sur les corps maritimes, Allianz France a essuyé l’an dernier de très gros sinistres, « mais 2008 se présente beaucoup mieux que 2007, malgré une grosse perte totale », assure Gilles Mareuse, directeur général d’Allianz Global Corporate & Speciality France. Parce qu’il est souvent apériteur, Allianz se permet d’être exigeant sur les tarifications, les suiveurs demandant moins, insiste-t-il.

Une police corps française en 2009 présentée avec des commentaires lisibles

Corps, risques de guerre et perte d’exploitation, la nouvelle police française, avec l’étendue de ses déclinaisons, sera présentée au marché en 2009. Elle s’alignera sur le modèle norvégien c’est-à-dire une police « tous risques sauf ceux qui sont exclus » par opposition au système des risques énumérés que l’on trouve dans les polices américaine et britannique plus difficiles à manier pour les clients. Dans cette future police sera introduite une clause de prise en charge des dommages non réparés: le sinistre subi par l’armateur qu’il a décidé de ne pas réparer mais qui a porté atteinte à son patrimoine.

Elle reconnaîtra qu’un troisième capital pourrait être impliqué à l’intérieur d’un événement, ce qui signifie qu’un assureur pourra être amené à payer jusqu’à trois fois la valeur d’assurance. Gilles Mareuse donne l’exemple « d’un navire assuré pour un montant X. Cette somme peut être mise à disposition de l’indemnisation de l’armateur, si son navire est en perte totale; mais si avant la perte totale, ce navire entre en collision avec un autre navire, lui causant des dommages, ou s’il a fait l’objet d’une assistance pour laquelle on lui demande une rémunération, l’assureur est dans une situation où il aura été exposé trois fois à des réclamations: celles du client qui a perdu son navire, du tiers rentré en collision et du sauveteur qui réclame une rémunération ».

Une fois rédigée, afin qu’elle ne demeure pas franco-française, il va falloir la traduire pour les banquiers, les avocats, les prescripteurs et toutes les parties prenantes à l’assurance maritime du monde entier, pour qu’ils puissent la reconnaître comme une garantie d’assurance intéressante.

Elle devra être présentée, avec ses déclinaisons « risque de guerre » et « pertes d’exploitation », et avec un commentaire qui permette à tout un chacun de comprendre le dessous des cartes. Une police sans analyse n’est pas vendable à l’international. Les Norvégiens l’ont bien compris. Lors de la présentation de cette nouvelle police, les assureurs français présenteront donc les commentaires explicatifs, mais plus synthétiques que les commentaires norvégiens quelque peu touffus.

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