« Le projet stratégique ne sera pas une lettre au Père Noël », a averti Jean-Claude Terrier, le nouveau DG du Grand port maritime de Marseille (GPMM) en arrivant. Les agents des terminaux pétroliers de Fos-Lavéra, le noyau dur syndical de la CGT, n’attendent visiblement pas de cadeaux. Depuis le 5 décembre, ils se sont lancés dans une nouvelle grève dure. Conséquence, les tankers parvenant au 3ème port pétrolier du monde étaient peu à peu bloqués en rade de Fos. On en dénombre plus d’une cinquantaine le 10 décembre. Du coup, des raffineries se mettent à tourner au ralenti et à puiser dans leurs stocks stratégiques.
Ce nouveau conflit qui paralyse la seule activité hydrocarbures du GPMM, a pour enjeu l’exploitation des terminaux dédiés. Assurée jusqu’à présent par l’établissement public – la volonté d’EDF-Suez de gérer son futur terminal méthanier avait allumé la mèche du conflit de mars 2007, cette exploitation devrait être, selon toute vraisemblance, concédée à des opérateurs privés. Société? Consortium monté à l’occasion? On ne connaît pas les dimensions du futur opérateur. Questionnée, l’Union Française des Industries Pétrolières se retranche dans une politique du silence. Le sujet est d’autant plus explosif que, jusqu’à cet été, la direction du port de Marseille a évoqué encore, faute de candidat privé déclaré, un schéma de filialisation de l’activité hydrocarbures. Aujourd’hui, il n’en est plus question. Entre temps, les milieux patronaux se sont auto convaincus qu’il ne peut être question de laisser au public la gestion de ce secteur hautement stratégique de l’activité du port de Marseille-Fos. Ceci explique la colère des agents des terminaux concernés. Leur lutte isolée – les portiqueurs et grutiers des autres terminaux semblent avoir cédé aux sirènes et avantages de la privatisation – a peu de chance de l’emporter. Tandis qu’une fois de plus Marseille-Fos se retrouve à l’avant-scène des difficultés et du manque de fiabilité.
Grèves dans les milieux portuaires en Belgique
Deux mouvements sociaux ont touché les milieux portuaires belges le 9 décembre. Ce fut d’une part, DP World qui a vu ses salariés arrêtés leurs tâches après le départ de 23 chauffeurs à Anvers. Les syndicats ont rapidement appelé à la reprise du travail, une réunion avec la direction aurait due se tenir en fin de semaine.
Le même jour, ce sont les salariés de l’agence APL de Deurne qui ont cessé le travail. Le mouvement est né du licenciement de huit personnes sur les 33 que composent l’agence. La direction d’APL Belgique a annoncé, le 5 décembre, son intention de se séparer d’une partie de son personnel, intention mise en pratique dès le 8 décembre. Les raisons de ces deux mouvements? la crise financière et l’économie morose du maritime. Si ces deux conflits n’ont duré que quelques heures, ils demeurent symptomatique de l’état général du monde maritime et portuaire.