À l’issue de longues négociations entre les ravisseurs, les autorités et des chefs de clan, Ali Abdi Aware, ministre de la région du Puntland (nord de la Somalie) a déclaré le 3 décembre que « l’équipage (de l’Amani) est sain et sauf et aucune rançon n’a été payée ». Le navire, qui avait été détourné le 25 novembre avec 507 t d’acier et sept hommes d’équipage, est retourné au Yémen. Le 28 novembre, la libération du cargo grec Centauri, détourné à la mi-septembre au large des côtes somaliennes avec son équipage de 26 Philippins, a été annoncé par l’organisation Programme d’assistance aux marins d’Afrique de l’Est, qui surveille la navigation dans la région. Aucune indication n’a filtré sur le versement d’une rançon. En outre, la libération du cargo ukrainien Faina battant pavillon de Belize, détourné le 25 septembre dans le golfe d’Aden avec 33 chars de fabrication russe et 21 membres d’équipage, était imminente à l’heure où nous mettions sous presse. Les pirates, qui réclamaient au départ 20 M$, se contenteraient de 8 M$.
Réactions internationales
Le 2 décembre, le Conseil de sécurité de l’ONU a renouvelé, à l’unanimité, son feu vert pour le recours à la force par des pays tiers contre les pirates opérant au large de la Somalie. La résolution étend pour une période d’un an le droit pour des pays, ayant reçu l’autorisation du gouvernement provisoire de la Somalie, de pénétrer dans ses eaux territoriales pour attaquer des pirates. Selon Jean-Maurice Ripert, représentant permanent de la France aux Nations unies, cette résolution permettrait à l’Union européenne, dont Paris assure la présidence tournante jusqu’à la fin du mois, de lancer sa propre opération de surveillance aéronavale le 8 décembre au large des côtes somaliennes.
La France devrait engager, dans un premier temps, une frégate avec deux équipes de commandos Marine à bord, mais n’envisage pas de frapper les pirates dans leurs parts de repli. Le 1er décembre, le Premier ministre François Fillon a assisté à une démonstration de lutte contre la piraterie maritime au large de Toulon, dans le cadre de l’opération aéronavale anti-piraterie « Atalante », lancée le 10 novembre par l’UE pour agir au large de la côte somalienne. Une dizaine de pays européens s’y sont engagés sous commandement britannique. « Nous ne pouvons pas admettre que l’audace de quelques criminels compromettent la liberté de navigation en mer. Nous ne pouvons pas tolérer que des pirates, mus par leur seule avidité, menacent les approvisionnements de l’Europe, a déclaré François Fillon à bord de la frégate Surcouf, nous respectons le droit international qui ne nous permet pas d’intervenir de manière préventive sur le sol de la Somalie. Ce que nous souhaitons à l’avenir, c’est remettre ces pirates aux autorités locales à condition que nous ayons l’assurance qu’ils soient jugés ».
L’Iran et l’Égypte s’inquiètent à leur tour. Un navire de commerce iranien, capturé le 18 novembre au large du Yémen, est encore aux mains de pirates. En août, un autre, le Dianat, avait été pris par les pirates puis libéré en octobre contre une rançon de 2 M€. Le 27 novembre, la Marine iranienne s’est déclarée capable de contrôler le détroit d’Ormouz et d’intervenir jusqu’à celui de Bab el-Mandeb, à proximité du golfe d’Aden. Deux jours plus tard, Moufid Chehab, ministre égyptien des Affaires juridiques et des Relations avec le Parlement, a déclaré au quotidien Al Ahram: « L’Egypte est prête, si nécessaire, à une intervention militaire pour protéger le trafic maritime et s’en prendre aux pirates, qui peuvent être combattus en vertu du droit international ».