La création de ces plates-formes logistiques doit répondre à plusieurs besoins exprimés par une quarantaine de chefs d’entreprise. Par exemple, ne plus dépendre des aléas routiers pour être livrés; faire baisser le prix du post-acheminement qui est estimé pour un conteneur à 330 € pour le Sud et 350 € pour l’Est contre 120 € autour du port; disposer de surface de stockage supplémentaire; etc. En outre, la CCIR estime que ces plates-formes devraient créer de l’emploi localement, d’autant plus que ces nouveaux salariés ne prendront pas la route saturée pour aller travailler dans l’Ouest. Un effet « boule de neige » est même attendu en espérant que les entreprises importatrices n’hésiteront plus à s’installer loin du port grâce à ces plates-formes et à une péréquation des coûts de post-acheminement.
Le schéma logistique serait le suivant: les boîtes débarquées et devant rejoindre une plate-forme sont stockées sur une zone dédiée sur le terminal portuaire. Au bout de deux à trois jours, elles sont acheminées de nuit vers la plate-forme sur de simples remorques squelettes de 40′. Trois rotations devraient être possibles. Les conteneurs sont déchargés sur le terre-plein avant d’être livrés par roll-tainers (remorques autodéchargeantes qui forment l’essentiel du parc réunionnais, ce qui laisse supposer que rares sont les importateurs capables de décharger rapidement leurs conteneurs; probablement utilisés comme entrepôt de stockage gratuit). La CCIR estime que la livraison terminale devrait intervenir, au plus tard, une semaine après son déchargement (voir encadré). Selon les besoins, les boîtes pourraient également être dépotées directement dans un entrepôt logistique.
En 2009, 16 000 conteneurs dont 6 500 chargés d’intrants industriels devraient passer par la plate-forme Sud et 4 000 dont 1 000 contenants ces intrants, par celle de l’Est; le volume total débarqué sur l’île étant estimé à 103 000 conteneurs. Selon les statistiques portuaires, le flux importé a été de 106 116 EVP pleins en 2007.
Pour traiter les 16 000 conteneurs du Sud, la CCIR prévoit un terre plein de 2,5 ha représentant un investissement de 3 M€ et une zone logistique de 9,5 ha pour 56 M€. Le site de St-Pierre Pierrefonds est pressenti. Pour l’Est, les surfaces prévues sont plus faibles: 0,6 ha pour le terre-plein (1 M€) et 2,4 ha pour la zone logistique (14 M€). Le site retenu se trouvant à St-Benoit-Beauvallon.
Des points à clarifier
Depuis février, le projet a obtenu le soutien de l’État, de la DDE et celui de la Région. Par contre, la concertation avec les professionnels a mis en évidence des zones d’ombre sur les modalités de fonctionnement de ces plates-formes: mode de gestion approprié des terminaux à conteneurs ou statut juridique de la marchandise entre la zone portuaire et la plate-forme intérieure. Pour trouver une solution à ces problèmes, une étude avec l’Agence française de développement a été lancée. Enfin, la CCIR est en négociation avec les collectivités pour l’acquisition des terrains. La phase opérationnelle devrait, espère-t-on, démarrer l’année prochaine.
Selon la présentation de la CCIR, un conteneur reste sur le terminal portuaire en moyenne 10 à 12 jours avant d’être livré. En passant par une plate-forme, le délai de livraison serait similaire. Ce délai semble bien long et mériterait d’être examiné de plus près. Il s’expliquerait par le nombre important des très petites entreprises dans le tissu réunionnais qui, n’ayant pas les moyens d’investir dans des capacités de stockage, préfèrent supporter les frais facturés par l’autorité portuaire. Autre interrogation: ces frais sont-ils ou non éligibles au remboursement par le Feder? (Voir notre article p. 18).