La desserte de Mærsk Line a commencé en décembre 1997 en utilisant la plate-forme de transbordement de Salalah, dans le Sultanat d’Oman. De bimensuelle, elle devient hebdomadaire en août 2000. En 2001, l’Association pour le développement de l’industrie de la Réunion (Adir) devient un fidèle partenaire, explique Arnaud Carval, jeune et nouveau chef d’agence arrivé en juin dernier
Si MSC est toujours la compagnie dominante, Mærsk représente environ 20 % de l’ensemble des volumes importés et exportés par la Réunion où l’agence emploie neuf salariés. En 2007, le trafic import/export de conteneurs pleins était de 124 116 EVP, transbordement exclu.
Les services Nord-Europe sont doubles: ainsi au départ du Havre, les boîtes sont transbordées une première fois à Algesiras, puis à Salalah. Le délai de mer est de l’ordre de 36 jours. Mais au départ de Rotterdam, la desserte est directe sur Salalah, le délai de mer passe alors à 25 jours. En sortie de Fos, un premier transbordement est effectué à Gioia Tauro, ce qui fait passer le délai d’acheminement à 32 jours de mer. Le feeder Mærsk se présente donc tous les jeudis à la Réunion.
Environ 60 % des importations réunionnaises viennent d’Europe; l’Asie se développant lentement mais l’idée de Mærsk est de favoriser le développement des importations d’Extrême-Orient qui, elles aussi, arrivent via Salalah. Une idée judicieuse à condition de bien encadrer son fournisseur. C’est ainsi que 8×40′ de triangles de signalisation routière de fabrication chinoise ont dû reprendre dernièrement le chemin inverse car les triangles n’étaient pas conformes aux normes européennes, rappelle Hervé Marodon, président des transitaires locaux. La lutte anti contrefaçon asiatique occupe également beaucoup le bureau de Douanes local. Si le booking des boîtes se fait généralement en métropole, le choix de la compagnie se fait plutôt localement, estime Arnaud Carval.
Mærsk a peu de conteneurs vides sur le port. Ils sont plutôt à Maurice (qui exporte beaucoup) ou à Salalah. Voilà donc une solution pour régler ce problème: exporter plus.
Arnaud Carval présente la particularité d’avoir suivi la formation que Mærsk réserve à certains jeunes embauchés de moins de 23 ans et d’un niveau bac+4: la Maritime International Shipping Education. Durant deux ans, tous les six mois, des promotions de 120 jeunes potentiels, Danois compris, se retrouvent à Copenhague pour y suivre des cours et y subir des tests. Tous les deux à trois ans, ils changeront de postes et d’endroit afin de multiplier les expériences. En huit ans, Arnaud Carval est donc passé par Le Havre, Paris, Douala (deux ans) retour Paris, puis Madrid lorsque Mærsk France est passé sous le contrôle de l’Espagne en 2007. Et, depuis juin 2008, la Réunion.
Mærsk peut mieux faire encore
« Belle progression en 2007, encore, de notre volume chargé avec notre partenaire Mærsk: +11 % », souligne le rapport 2007 de l’Association pour le développement industriel de la Réunion dans le paragraphe consacré à la desserte maritime (1).
« Les conditions tarifaires étaient certes de nature à nous rallier des chargeurs; et même si des progrès restent à faire en termes de service, l’engagement de cet armement à nos côtés nous permet d’espérer des améliorations substantielles et des tarifs attrayants pour l’année 2008 ».
« Sujet de préoccupation de plus en plus important: la desserte maritime régionale et l’export. En effet, la réorganisation de leurs routes maritimes par les armements marginalise notre zone, mettant dans une situation délicate les exportateurs de sucre ainsi que nos amis de Mayotte, Madagascar et Maurice », écrit l’Adir. « La suppression des lignes export directes vers la métropole pénalise fortement les industriels de la zone qui ont réussi à développer des courants d’affaires importants avec le continent européen. Par ailleurs, l’organisation actuelle du feedering intra-zone complique considérablement les échanges à l’heure même où le co-développement est appelé par tous et où le niveau très faible des transactions ne demande qu’à s’amplifier ».
CMA CGM semble donc avoir entendu la plainte des 173 entreprises adhérentes à l’Adir représentant presque 7 730 salariés et 2,258 Md€ de chiffres d’affaires (1).
1) Selon le site internet de l’ADIR, parmi ses 173 adhérents se retrouve le manutentionnaire: la Société de maintenance industrielle et portuaire, SAS détenue par les trois acconiers spécialisés dans les conteneurs et présidée par Jean Brac de la Perrière, également vice-président du Medef réunionnais.