Une fois de plus les Moteurs Baudouin ont des ratés. Depuis 30 ans, l’histoire de l’entreprise de construction de moteurs diesels (marine et défense) est jalonnée d’épreuves financières et de changements de propriétaires. Après chaque difficulté, l’entreprise marseillaise est repartie. Aujourd’hui, au cœur de la tourmente financière et économique, parviendra-t-elle à se maintenir à flot? La PME au célèbre moteur bleu vient d’être contrainte de déposer son bilan auprès du tribunal de commerce de Marseille.
Il y a quelques mois encore tout semblait aller pour le mieux. Le diéséliste venait de quitter son vieux berceau de Pont-de-Vivaux, un quartier à l’est de Marseille, pour déménager à Cassis, une riante cité balnéaire à 20 km de Marseille. Sur le site du Technoparc, il était accueilli à bras ouvert par la CCI MP et la Mairie qui avait eu à déplorer la délocalisation de Dielbod, constructeur d’automates bancaires. En ce lieu, les Moteurs Baudouin trouvaient « une aubaine avec des locaux plus vastes et plus fonctionnels » (17 000 m2 de surface dont 10 000 pour l’atelier de montage). Dans l’opération, 5,5 M€ dont 1,8 M€ dans les deux bancs d’essais où les moteurs sont testés avant d’être commercialisés, étaient investis. En 2008, grâce à « un marché de moteurs marins très porteur », Philippe Destenbert, son président, espérait alors être en mesure de doubler sa production annuelle pour arriver à 2 000 moteurs. Et passer de 25 M€ de chiffre d’affaires à 35 M€.
Touché par la crise financière mondiale, son actionnaire de référence en aura décidé autrement. Il ne faisait de mystère pour personne qu’Axa Private Equities qui avait racheté (par LMBO) l’entreprise en 2005 à l’ancien propriétaire Alain Saboret, cherchait à se désengager de la PME industrielle en revendant ses parts grevées d’une dette de 11 M€. Cette reprise et la recapitalisation n’ont « pu aboutir fin septembre, faute d’un accord entre les banques », explique aujourd’hui Philippe Destenbert. Une autre raison explique le recours au tribunal de commerce. Le contrat de 3 M€ pour la maintenance des moteurs de chars AMX promis, il y a un an, par le président Nicolas Sarkozy lors de sa visite à Marseille, ne s’est jamais concrétisé alors que le diéséliste comptait bien sur ce marché. Dès lors, les Moteurs Baudouin n’avaient plus d’autre choix que la procédure de redressement judiciaire avec pour objectif de se donner la possibilité de rebondir dans une activité qui emploie 123 salariés. La PME qui avait ouvert ces derniers mois une filiale à Agadir au Maroc et une autre à Singapour, est très tournée vers l’export. Le M26, un puissant 12 cylindres en V équipe 30 % des unités de pêche en Europe. Et les quelque 4 000 moteurs bleus (couleur de la société) actuellement en service dans le monde se répartissent pour les 2/3 à l’étranger (la rive sud de la Méditerranée, l’Italie et l’Espagne, en Europe, l’Asie du Sud-est et l’Amérique du sud) où ils ont fort à faire avec la concurrence internationale. Aujourd’hui, de ses nouveaux locaux qui dominent le Cap Canaille, la PME attend un nouveau turbo pour repartir.