Ce véritable 4×4 des mers est à la fois un navire roro rapide propulsé par de puissants waterjets à la vitesse de 30 nœuds et une barge de débarquement. Grâce à son pont mobile en hauteur, il peut prendre les deux configurations tout en transportant 130 t. Actuellement testé par la marine, le L-Cat devrait se décliner en une gamme allant de 30 m à 90 m de long pour plusieurs applications militaires comme civiles.
Le prototype du Landing- Catamaran (L-Cat) est amarré au port militaire de Toulon. Juste derrière la porte du BPC (Bâtiment de Projection et de Commandement) Mistral, histoire de rappeler que sa naissance est due à six ans de réflexions du bureau d’études de la Cnim autour des besoins de cohérence des armées. Tout en aluminium, sa mise au point a été financée sur fonds propres à hauteur de 10 M€, construction menée par les chantiers Gamelin à La Rochelle comprise. Après une traversée d’une dizaine de jours (150 heures de navigation) réalisée par ses propres moyens, la CNIM présente sa solution originale au chaland de débarquement qui n’avait pas évolué depuis le dernier conflit mondial, mis à part les tentatives délicates d’emploi de la technique du coussin d’air ou de l’aéroglisseur.
Un pont mobile commeun ascenseur
Le secret du L-Cat réside sur son plateau-pont mobile qui, sous le jeu de quatre puissants vérins synchronisés, descend ou monte comme un ascenseur suivant les besoins. Le concept est révolutionnaire. Pour le reste, les solutions apportées par la Cnim combinent à la fois ses savoir-faire en moyen de franchissement, de levage, de résistance de structure et d’automatisme synchronisé. Cette plate-forme qui peut porter une charge de 130 tonnes (deux chars Leclerc en version militaire ou 200 soldats), est également en mesure d’accueillir des engins de terrassement ou de construction, des pièces lourdes pour les emmener dans des sites difficiles d’accès (travaux sur le littoral, plate-forme offshore). Mieux qu’un hélicoptère, sa capacité à déployer rapidement des moyens lourds sur des sites difficiles en fait l’engin idéal lors d’interventions humanitaires en littoral (secours aux populations après catastrophes naturelles, récupération de ressortissants isolés, etc.). Autre secteur, ses deux plateaux de débarquements peuvent descendre sous le niveau de la mer ce qui lui donne la possibilité de mettre à l’eau des petits intercepteurs (zodiac, vedettes), ce qui intéresse beaucoup les gardes-côtes et autres surveillants du littoral (OPV). Le L-Cat peut également être utilisé comme navire dock.
Presque du sur-mesure
Présenté au salon Euronaval-Le Bourget, le L-Cat voit s’ouvrir devant lui un marché aussi vaste que son rayon d’intervention. La prospection commerciale et le marketing de la Cnim possèdent déjà un beau carnet de prospects aux quatre coins du monde. Christian Guichard, directeur général adjoint du groupe et directeur de la division Défense-Systèmes, espère recevoir les premières commandes dès 2009. Les prévisions tablent sur une douzaine de modèles (un an de construction) sur les quatre ans à venir.
Protégé par plusieurs brevets, ce catamaran devrait être pratiquement vendu sur mesure (entre 10 M€ et 20 M€ suivant les options). Quatre modèles allant de 200 à 2 000 t sont par ailleurs proposés. Après un redéploiement industriel réussi, le groupe ne cherche pas à revenir à son métier originel abandonné en 1982. Pour son catamaran, il entend se limiter à la partie ingénierie. La construction se fera dans le chantier naval choisi par chaque client. la Cnim assure la conception, l’adaptation et le contrôle technique de la fabrication.
La Cnim
Elle se présente comme une « entreprise de solutions industrielles clés en main à fort contenu technologique ». Présente dans trois grands secteurs de produits et de services (Environnement, Défense-Systèmes et Énergie), elle a réalisé un chiffre d’affaires 2007 de 555 M€ pour un effectif de 3 000 salariés dont près de la moitié hors de France.
Fiche technique du prototype
Cotes: 30 m pour une largeur de 12,8 m,
Plateforme de chargement centrale: 23 m de long sur 6.9 m de large
4 moteurs MTU de 100 CV développant une puissance de 5 MW.
Propulsion: waterjet
Vitesse de pointe: 30 nœuds (20 nœuds à pleine charge)
Navigabilité: force 4 à 5
Autonomie: 1 000 nautiques à 15 nœuds.
Quatre vérins hydrauliques permettent à la plate-forme de monter ou descendre, à la manière d’un ascenseur
Charge: 130 t, soit deux chars de bataille du type Leclerc, quatre chars légers ou six véhicules de l’avant blindé (VAB) ou 120 personnes
Tirant d’eau en pleine charge: de 2,5 m en transit à 60 cm en mode débarquement.
Équipage: 4 marins