Il s’agit du cargo CEC-Future, sous pavillon des Bahamas et appartenant à l’armement danois Clipper, avec 13 membres d’équipage en majorité russes, d’un cargo grec, du chimiquier Stolt-Strength (Philippines, 21 Philippins) du norvégien Stolt-Nielsen, d’un cargo japonais (23 navigants dont 5 Sud-Coréens), du cargo turc Karagol (14 Turcs), d’un vraquier de Hong Kong (25 hommes), chargé de 36 000 t de blé pour l’Iran, et du VLCC libérien Sirius-Star (318 000 tpl, 25 hommes originaires de Croatie, de Grande-Bretagne, des Philippines, de Pologne et d’Arabie Saoudite) de l’armement saoudien Aramco… et attaqué à 450 milles au sud-est du port kenyan de Mombasa!
Mais, les pirates ne réussissent pas toujours. Ainsi le 11 novembre, les frégates britannique Cumberland et russe Neoustrachimi ont utilisé leurs hélicoptères Lynx et Ka-27 pour intercepter un boutre, qui avait ouvert le feu sur le cargo danois Powerful. Quatre jours plus tard, la Neoustrachimi a mis en fuite des pirates qui attaquaient le navire saoudien Rabih. Le 19 novembre, la frégate indienne Tabar a détruit le navire pirate mère, qui avait ouvert le feu sur elle, et mis en fuite ses deux vedettes rapides. Elle avait été envoyée dans le golfe d’Aden pour escorter les navires marchands indiens, sous la pression des armateurs qui estiment perdre 45 000 $/mois à cause de la piraterie (augmentation des coûts et retards des livraisons).
Par ailleurs selon des autorités régionales, le chimiquier Stolt-Valor, détourné le 15 septembre, a été libéré le 17 novembre contre une rançon de 1,1 M$. En outre, les dix navigants du navire de soutien offshore Bourbon-Sagitta, pris en otages le 31 octobre au large du Camreroun, ont été libérés,sains et saufs le 11 novembre.
Certains armements se préparent à l’éventualité d’un détournement d’un navire avec prise d’otages. Ainsi, le 17 novembre en mer de Chine méridionale, l’armement japonais Mistui OSK Lines, avec notamment l’aide de la Japan Coast Guard, a procédé à un exercice de lutte contre la piraterie, mettant en œuvre le navire école Spirit-of-MOL et 170 personnels en formation.
Actions internationales
Le 10 novembre, l’Union européenne a approuvé la création de la force Eunavfor pour lutter contre la piraterie au large de la Somalie. Elle se composera d’au moins 7 bâtiments, dont 3 frégates et 1 pétrolier ravitailleur, et bénéficiera de l’appui d’avions de patrouille maritime. De son côté, le ministère sud-coréen de la Défense pourrait envoyer au moins une frégate dans la région l’an prochain, après approbation du Parlement. En outre, le gouvernement japonais va présenter au Parlement, en 2009, un projet de loi autorisant l’envoi de bâtiments militaires dans le golfe d’Aden.
Toutefois, la lutte contre la piraterie a des effets inattendus. Le 10 novembre, le ministère yéménite des Affaires étrangères a déclaré que la force navale internationale présente dans la région constitue « un danger pour la sécurité nationale arabe et pourrait préluder à un plan d’internationalisation de la mer Rouge ». Il a annoncé la tenue, le 20 novembre au Caire, d’une réunion des pays riverains.
Assurance à revoir
Les contrats d’assurances traditionnels couvrent le navire et la marchandise, alors que l’équipage devient la cible favorite des pirates. Ils restent encore inadéquats aux demandes de rançons et aux coûts de gestion induits, qui peuvent doubler le coût d’une attaque. Selon le groupe international d’assurances Hiscox coté à la bourse de Londres, l’armement concerné doit payer, outre la rançon de l’ordre du million de dollars, des frais de conseil pour les négociations, la remise de la rançon, la protection de l’équipage et la gestion des conséquences de l’événement pour sa réputation, quand il est cité dans les médias. Hiscox propose une couverture complète contre les risques de piraterie, dès la prise d’otages et pendant tout la durée de l’incident.