Selon le rapport trimestriel de l’International Maritime Bureau (IMB) de Londres, 581 navigants ont été pris en otages entre janvier et septembre, contre 172 un an auparavant. Dans le même temps, il y a eu 199 actes de piraterie (effectifs et tentatives), contre 198 il y a un an. Le nombre d’actes de violences varie selon leur type. Des pirates sont notamment montés à l’abordage de 115 navires (117), en ont détourné 31 (15), ont blessé 22 marins (21) et en ont tué 9 (3). Sur les 581 navigants pris en otages, 395 l’ont été dans le golfe d’Aden et 137 au large de la Somalie. Les demandes de rançon ont augmenté considérablement. En conséquence, les attaques ont progressé régulièrement au cours des trimestres: 53 au premier, 63 au deuxième et 83 au troisième! Au 30 septembre, les pirates somaliens détenaient 12 navires et plus de 250 membres d’équipage, dont environ une centaine de Philippins. L’archipel fournit en effet un tiers des équipages dans le monde, soit 180 000 hommes et femmes. Le gouvernement philippin souhaite exclure l’emploi de ses ressortissants à bord de navires longeant régulièrement la côte somalienne, mais n’a guère les moyens de faire appliquer une telle mesure. À titre de comparaison, il a déjà interdit à ses ressortissants de travailler en Irak… où des milliers ont trouvé un emploi! Enfin selon l’IMB, les dimensions des navires ne dissuadent plus les pirates somaliens, qui ont détourné un vraquier de 74 000 tjb et tiré sur des VLCC. L’un d’eux a eu sa coque percée par une grenade et a causé une légère pollution.
Riposte internationale
L’IMB se félicite de la résolution 1816 du Conseil de sécurité des nations unies sur la piraterie en Somalie. Cette résolution permet aux Marines étrangères d’intervenir dans les eaux territoriales de la Somalie, à condition d’y être autorisées par son gouvernement fédéral transitoire, lui-même partie à la résolution. Or, peu d’États, dont des bâtiments patrouillent dans la région, y ont recouru. À la suite des récentes attaques, la Marine américaine a établi des corridors de sûreté recommandés aux navires marchands. Pourtant, un pétrolier a été détourné avec succès à proximité d’un de ces corridors quelques jours seulement après son établissement, faute de bâtiments militaires en nombre suffisant sur zone. Enfin, souligne l’IMB, les forces navales hésitent à intervenir une fois un navire détourné et son équipage pris en otage. La sauvegarde de la vie des marins rend en effet impossible toute intervention armée, sauf circonstances exceptionnelles.
« Les actes de piraterie au large de la Somalie sont sans précédent. Il est clair que les pirates du golfe d’Aden pensent pouvoir agir en toute impunité, déclare dans un communiqué Pottengal Mukundan, directeur de l’IMB, une initiative ferme est nécessaire contre les navires-mères des pirates avant qu’ils ne détournent des navires. La localisation et le signalement de ces navires-mères sont connus. Nous demandons à tous les États d’envoyer leurs Marines perturber les activités des pirates et de leurs navires-mères. C’est vital pour la protection de cette voie d’eau mondiale majeure ».
Cameroun: sept Français en otages
Le 31 octobre au large du Cameroun, des hommes armés à bord de trois vedettes rapides ont pris en otages dix des 15 membres de l’équipage du navire de support offshore Bourbon-Sagitta, propriété du groupe Bourbon et affrété par la compagnie pétrolière Total. Il s’agit de sept Français, deux Camerounais et un Tunisien. Les ravisseurs, qui se réclament du mouvement Bekassi Freedom Fighters, ont d’abord menacé de les tuer un à un, si le gouvernement camerounais ne répondait pas à leurs demandes. Le même jour, Bourbon a mis en place une cellule de crise en coordination avec le ministère français des Affaires étrangères et les autorités camerounaises et tunisiennes. Le 1er novembre, le Bourbon-Sagitta est arrivé à Douala avec les cinq marins restants et les ravisseurs ont renoncé à mettre leur menace à exécution. Le 3 novembre, ils ont indiqué vouloir garder les otages jusqu’à l’ouverture de négociations avec les autorités camerounaises. Le lendemain, Bourbon a reçu un appel téléphonique du commandant et du second capitaine du Bourbon-Sagitta précisant que les dix membres de l’équipage sont en bonne santé et bien traités. Les otages n’étaient pas libérés à l’heure où nous mettions sous presse.