Comment le président Jean-Pierre Lecomte voit-t-il l’avenir? Le responsable du Grand port maritime estime tout d’abord que le nouveau mode de gouvernance, qui va être mis en place, correspond à ce que l’environnement portuaire attend, notamment les clients du port. Et la conjoncture locale qui a été marquée par plusieurs mois de grève sur le port du Havre? Jean Pierre Lecomte indique que l’allégement des grèves depuis la mi-juillet et la reprise d’une productivité satisfaisante sur les terminaux ont permis un retour à la normale pour la rentrée 2008. « Le mois de septembre est d’ailleurs un bon mois avec une croissance de 8 % pour le trafic conteneurs, soit une hausse significative par rapport aux chiffres enregistrés en septembre 2007… Notre enracinement sur le marché demeure une de nos forces ».
Les incertitudes économiques actuelles font-elles peur au président du port? Le responsable se dit relativement confiant. Tout d’abord, Jean-Pierre Lecomte explique que la politique de l’offre au Havre, avec notamment de nouveaux quais et de nouveaux terminaux, permet de développer des flux. Cette stratégie semble donc payer. « Port 2020 », qui consiste notamment à réaménager et à moderniser les infrastructures, a été acté dans le cadre du nouveau contrat de plan État région (CPER). Le prolongement du Grand canal ou encore le doublement de l’écluse François 1er en font partie intégrante. Concernant le projet d’un terminal méthanier à Antifer, là encore, Jean Pierre Lecomte rappelle que le port autonome du Havre s’est déjà engagé avec un opérateur.
« On entend parfois des voix divergentes sur notre stratégie de développement. Certains se disent sceptiques, d’autres veulent faire une pause. Nous sommes à la fois plus lents que les ports du Benelux mais aussi trop rapide pour le monde maritime et portuaire français… Les nouvelles instances de gouvernance vont devoir faire des choix. Cela se traduit par des votes, des options qui engagent des investissements. La composition de ces instances est donc très importante » L’évolution du marché asiatique et la conjoncture locale devraient être des éléments clefs pour l’avenir. « Qui dit plan de relance des ports, dit de l’argent versé par l’État. Et ça, c’est une bonne nouvelle pour tous… » Cette enveloppe globale prévue dans le cadre de la relance portuaire est de 174 M€. Pour l’heure, la part revenant au Havre n’est pas connue. « Mais nous avons l’ambition d’en prendre une grande partie compte tenu de nos impératifs », soulignait récemment Laurent Castaing, le nouveau directeur général.
« Pas de citadelles »
Côté changements institutionnels, le port autonome a laissé sa place depuis le début octobre au Grand port maritime du Havre. Outre le changement de nom, qui témoigne de l’avènement d’une nouvelle époque, les structures de gouvernance du GPM vont se mettre en place progressivement.
À commencer par l’organe de décision, le cœur du système. À savoir, le Directoire. Il sera présidé par Laurent Castaing, le nouveau directeur général. Ce Directoire sera composé de quatre personnes. Quant au conseil d’administration, il continue de gérer les affaires courantes jusqu’à la mise en place du conseil de surveillance. « Il n’y aura pas de vide juridique ni d’empêchement de fonctionner », assure Jean-Pierre Lecomte. En fait, la réunion du conseil d’administration de novembre devrait être celle où le CA se retirera pour laisser sa place à la structure de surveillance. Cette dernière sera composée de dix-sept personnes contre vingt-six actuellement dans le conseil d’administration. Comme pour les membres du Directoire, le mandat est de cinq ans. Quant à la composition du conseil de surveillance, elle sera la suivante: cinq représentants de l’État, un de la région Haute-Normandie, un du département de Seine-Maritime, deux représentants des communes et de l’agglomération, trois représentants du personnel, dont un siège pour les cadres (contre cinq sièges pour le personnel sur vingt-six aujourd’hui), un représentant du monde consulaire, en l’occurrence la Chambre de commerce et d’industrie du Havre, et quatre personnes qualifiées. Une fois installé, ce conseil de surveillance aura à élire son président et ses vice-présidents. Jean-Pierre Lecomte, dont l’actuel mandat court jusqu’en mai 2009, pourrait être candidat à sa propre succession.
Reste l’autre instance du GPM, le conseil de développement. Il va comporter 30 membres répartis en quatre collèges: dirigeants du monde portuaire, personnels des entreprises (la moitié des sièges de ce collège-là sera réservée au personnel de la manutention), représentants des collectivités locales et personnalités qualifiées intéressées par le développement du port. Ce conseil, qui sera une sorte d’interface entre le GPM et les clients, aura un avis consultatif. Surtout, Jean-Pierre Lecomte ne veut pas faire du conseil de surveillance et du conseil de développement « des citadelles ». « Au contraire, indique-t-il, il faudra une bonne communication pour assurer la bonne marche du port ».