C’était au mois de mai dernier. Pour la première fois depuis des années, les dockers étaient dans la rue, au Havre. Un peu plus de mille, tous reconnaissables grâce à leur veste de sécurité jaune fluo. Ce jour-là, ils avaient quitté les quais et les terminaux pour prendre part à un mouvement social d’ampleur nationale avec, comme thème principal de revendication, la défense du système des retraites.
Depuis, calme plat. Les dockers du Havre sont sur les quais et les dirigeants du syndicat CGT des dockers sont entrés dans une logique de formation, de professionnalisation en accord et en partenariat avec le Gemo, le groupement d’employeurs de main-d’œuvre présidé par Christian de Tinguy, directeur général du groupe de manutention Perrigault, premier employeur de dockers en France.
Novateur, le Gemo a mis en œuvre depuis le début de l’année un cursus de qualification de la main-d’œuvre. Par un système paritaire de validation, les plus jeunes dockers doivent maintenant décrocher leur Certificat de qualification professionnelle de niveau 1, un sésame devenu indispensable pour entrer et travailler sur les quais. À ce jour, ce sont quelque 210 jeunes dockers qui ont obtenu leur CQP-1 dans le port du Havre.
Aujourd’hui, que ce soit les dockers eux-mêmes ou les employeurs réunis dans le Gemo, tout le monde attend l’entrée en vigueur de la réforme portuaire et ses applications au plan local. Les discussions doivent débuter vers la mi-novembre. Commencera alors une ère nouvelle. Les portiqueurs du Grand port maritime, par exemple, devraient intégrer pour certains d’entre eux les sociétés de dockers, type Dockers de Normandie, une filiale de Terminaux de Normandie. Pour l’heure, chacun semble dans l’expectative. Prudence, plus que jamais. C’est cette prudence qui guide aussi les sociétés de manutention, de la Générale de manutention portuaire (GMP) à Terminaux de Normandie (TN), en passant par la Compagnie nouvelle de manutention portuaire (CNMP) ou bien encore l’ensemble des entreprises liées aux trafics rouliers ou vrac solide et liquide. L’année 2008 n’aura pas laissé l’image d’un bon millésime compte tenu des difficultés sociales provoquées par le plan de relance portuaire. Aujourd’hui, chacun n’a donc qu’un vœu: tourner au plus vite cette page-là pour s’engager dans une année 2009 que tout le monde veut croire meilleure, même si d’autres vicissitudes sont à attendre avec la crise internationale, le ralentissement économique et son corollaire, la baisse des trafics mondiaux et des prix.