Le 28 novembre, Pascal Riteau, directeur d’exploitation, et le personnel de la SNRH fêtent leurs trois années d’implantation. Une arrivée dans le port qui ne s’est pas faite sans bruits ni heurts. En fait la SNRH date de 1999 quand des salariés du concurrent décident de créer une société de remorquage pour faire jouer la concurrence sur le port du Havre. Le premier dépôt d’autorisation fait l’objet d’un refus. Incompréhension des nouveaux arrivants puisqu’ils ont été approchés par la direction générale du port de l’époque. Pour s’opposer à ce refus, les initiateurs de la société entreprennent des démarches auprès des tribunaux. En juillet 2005, le Tribunal administratif de Rouen rend un jugement en obligeant l’autorité à donner son agrément. À cette date, les créateurs contactent l’armement néerlandais Kotug. Les armateurs sont démarchés et la SNRH s’implante sur le port, face au Dock flottant. Le 1er janvier 2006, alors que l’armement est prêt, des difficultés administratives viennent mettre un terme à cet élan. Pendant dix mois, la SNRH se débat pour exister et devenir opérationnelle. « Nos actionnaires néerlandais ont réagi négativement, explique Pascal Riteau. Les armements qui ont signé avec nous pour opérer le 1er janvier ont dû retourner chez notre concurrent. La situation s’est avérée difficile. » En octobre 2006, le premier navire est entré dans le port par la SNRH. Depuis lors, l’armement travaille régulièrement. Certains armateurs ont donc fait confiance à la SNRH. « Nous ne sommes pas les moins disant. Nous avons établi notre tarif sur la base de l’existant. Notre force réside dans la prestation logistique offerte », souligne Pascal Riteau. Pour le calcul du tarif, la SNRH utilise un seul critère, la longueur du navire, quand son concurrent en prend trois. De plus, il tente de s’adapter en fonction des aléas des opérations de manutention. « Des commandants commandent des remorqueurs pour 18 heures par exemple. Si le navire n’est pas prêt à l’heure nous trouvons une solution pour nous adapter aux contingences commerciales. Nous avons un système de pénalité mais il n’a été employé qu’une seule fois », continue le directeur d’exploitation.
La SNRH dispose sur la place havraise de six remorqueurs, dont cinq unités sont en exploitation. Tous les navires sont tous du dernier cri. Si les problèmes juridiques du début de l’exploitation sont passés, il demeure un point sur lequel Pascal Riteau souhaiterait voir avancer les choses, la fiche d’effectif. « Elle est destinée à accueillir trois hommes par navire. Les Affaires maritimes ne nous l’autorisent pas et nous opérons ces remorqueurs avec quatre marins grâce à la mécanisation. » Pour appuyer ses dires, la SNRH se base sur les opérations dans les autres ports du nord de l’Europe. Tant à Rotterdam qu’à Hambourg ou Bremerhaven, ces remorqueurs emploient trois personnes, « sans que la sécurité portuaire ne soit remise en cause », précise le directeur de la SNRH. « Nous essayons de convaincre l’autorité du pavillon sur ce sujet, mais elle nous oppose un refus pour le moment », déclare le directeur d’exploitation. Et le passage à trois marins ne met pas en péril la sécurité ni à bord ni dans le port, selon Pascal Riteau. Cette réduction de personnel par unité ne signifierait pas non plus une diminution de la masse salariale. « Nous avons créé des emplois en nous implantant. Nous employons de 65 à 70 marins. Il n’est pas question d’en retirer mais simplement de disposer du personnel suffisant pour permettre l’alchimie quotidienne entre les besoins en personnes et l’activité. » Aujourd’hui, la SNRH dépasse les guerres locales pour se projeter vers l’avenir. « Nous aspirons au développement du port. Nous croyons à son potentiel de croissance et nous voulons prendre une part de ces nouveaux trafics », conclut Pascal Riteau.