Quatrième région exportatrice de France derrière l’Île-de-France, Rhône-Alpes et le Nord-Pas-de-Calais, affichant un solde du commerce extérieur positif (659 M€ en 2007), l’Alsace demeure une région riche, tournée vers l’Europe et particulièrement vers Allemagne, son principal partenaire commercial. Cette force économique a encouragé les agglomérations à se préserver des activités logistiques, sources de trafics poids lourds et offrant peu de retombées sonnantes et trébuchantes directes. Ainsi, dans le Bas-Rhin, « la principale plate-forme logistique a toujours été le port autonome de Strasbourg avec la zone d’activité de Hoerdt plus au nord et implantée en dehors de l’agglomération strasbourgeoise », explique Jean Attia, consultant chez Atisreal-DTZ Jean Thouard (BNP Paribas), un commercialisateur de bâtiments. Adossé à la capitale alsacienne, le port comptabilise 55 ha. « En Alsace, la logistique s’oriente davantage vers une logique de distribution locale. On n’y trouve pas d’implantations aussi importantes qu’en Île-de-France ou dans le Nord-Pas-de-Calais, car la capitale alsacienne se trouve entre deux dorsales: d’un côté les axes Lille-Paris et Metz-Dijon en direction du sud, de l’autre, l’axe Hambourg-Francfort-Bâle », poursuit le consultant.
Arsène Dahl, directeur général de Wincanton Mondia, une filiale du logisticien européen Wincanton implantée à Strasbourg, nuance ce tableau: « Strasbourg touche 70 % des capacités d’achat européennes dans un rayon de 500 km. Par ailleurs, nous pouvons livrer 90 % des destinations dans l’Union européenne en 24 heures. »
Avec la perte de vitesse de l’industrie brassicole dans la région, le port autonome a dû diversifier ses activités. Baptisée « Eurofret », une zone de 110 ha dont 27 ha d’entrepôts, a été aménagée dans les années quatre-vingt dans la partie sud du port, à proximité du terminal à conteneur Sud. La partie nord de la zone portuaire accueille davantage d’industries. Selon Jean Attia, malgré l’atout d’une connexion fluviale dont ne bénéficient pas les autres plates-formes logistiques du département (Dambach-la-Ville, Duppigheim et Hoerdt), « les logisticiens continuent de privilégier la route et accessoirement le fer. Cependant, la voie d’eau devrait être davantage empruntée dans les années à venir en raison du renchérissement du coût du carburant ». Le directeur général de Wincanton Mondia (600 personnes, 76 M€ de chiffre d’affaires en 2007) y croit dur comme « fret ». Sur le site du port de Strasbourg, ce professionnel du transport et de la logistique ne veut pas renoncer à une installation portuaire équipée de deux ponts roulants de 10 t. « Alors qu’il n’existe que trois équipements similaires sur le Rhin, notre installation demeure sous-utilisée. Si nous la maintenons, c’est parce que nous croyons au redémarrage de la voie d’eau », martèle le dirigeant d’entreprise.
Installation d’un ProLogis Park
Acteur mondial de l’immobilier logistique (2,2 Mm2 en France), l’Américain ProLogis développe actuellement un ProLogis Park sur le site du port autonome de Strasbourg. Construits par un leader régional de la construction d’entrepôts, LCR (Les Constructeurs Réunis), deux entrepôts ont été livrés en septembre. Le premier d’une surface de 18 000 m2 est occupé par Wincanton-Mondia, le second, développé en blanc, d’une surface de 19 000 m2 sera utilisé pour un tiers par le logisticien Panalpina. Arrivé en limite de capacité dans son entrepôt dédié à la distribution de produits pharmaceutiques, Wincanton-Mondia va exploiter trois cellules de 6 000 m2 dont deux cellules climatisées. « Les produits pharmaceutiques que nous distribuons pour le compte d’AMO et d’Allergan arrivent en conteneurs par avion ou par la route », explique le directeur général de Wincanton. Julien Geyer, market officer chez ProLogis pour le nord-est de la France, souligne que « le premier bâtiment a été construit pour répondre à un besoin précis, celui de Wincanton-Mondia. L’implantation d’un second bâtiment a été décidée en raison du manque d’offre aux standards logistiques internationaux sur place. Nous sommes actuellement en négociation pour la location des 12 000 m2 encore disponibles. En tant qu’investisseur, ProLogis recherche les zones embranchées fer et voie d’eau, car ces offres permettent de développer des marchés ».
Un troisième entrepôt logistique de 16 500 m2 pourrait voir le jour au sein du nouveau pôle logistique. En effet, le dirigeant de Wincanton-Mondia souligne que son entreprise « vient de signer un contrat pour six ans avec un constructeur d’outillage de jardin (Vicking, une filiale du groupe allemand Stihl, Ndlr). Le groupe était à la recherche d’un vaste entrepôt central en mesure d’alimenter son réseau de distributeurs européens. En effet, cela lui revenait trop cher de maintenir une organisation dans chaque pays pour faire face à une demande saisonnière. Strasbourg était intéressant pour sa double culture franco-allemande, le marché français étant particulièrement important. »