Gestionnaire d’environ 1 000 ha de foncier répartis sur 70 sites, le port autonome de Paris (PAP) est également à la tête d’un parc logistique avoisinant les 300 000 m2. Concentrés sur les trois plates-formes multimodales de Gennevilliers, Limay et Bonneuil, ces entrepôts et leurs bureaux associés affichent un taux d’occupation de 96 %.
D’importants projets logistiques ont encore vu le jour récemment, notamment à Bonneuil-sur-Marne. Ainsi, le spécialiste américain des bâtiments industriels et logistiques en milieux portuaire et aéroportuaire, AMB Corporation, va implanter sur 4,3 ha un entrepôt de distribution de 14 000 m2. Composé d’un bâtiment offrant 12 000 m2 de stockage divisible en deux cellules, de bureaux et de locaux techniques, cet entrepôt devrait être livré début 2010. Il a été conçu pour répondre notamment aux besoins de la logistique multimodale. Ce projet vient compléter un autre programme développé à Bonneuil par Cogedim pour le compte d’ING Real Estate: 18 700 m2 dédiés à l’entreposage classé ICPE (protection de l’environnement) et à la messagerie désormais achevés et loués. « Ces réalisations démontrent la pertinence du site de Bonneuil comme centre logistique multimodal du sud-est de la région parisienne », se félicite-t-on au PAP.
L’ouverture de trois nouveaux terminaux à conteneurs à Evry, Bruyères-sur-Oise et Montereau-Fault-Yonne viendra compléter l’offre en manutention dans la région parisienne et accroître les possibilités de trafics fluviaux intrarégionaux. L’opportunité de relier par voie d’eau le nord de l’agglomération parisienne (Bruyères) au sud (Montereau) ne devrait pas laisser indifférents chargeurs, industriels et logisticiens. Par ailleurs, le PAP affiche ses ambitions en programmant l’aménagement d’une quatrième plateforme multimodale à Bruyères au sein d’une zone d’activité de 120 ha. Un investissement de 12 M€. D’ores et déjà, le port a engagé l’acquisition de 26 ha de foncier et de trois entrepôts, portant la surface totale du port à 55 ha.
Pourtant, pour les responsables du PAP, une des principales difficultés consiste à convaincre les professionnels implantés sur ses différents sites « d’oser » la voie d’eau. Ces derniers en profitent peu. « L’importante progression du trafic fluvial et les demandes d’implantation sur les grandes plates-formes font désormais porter l’effort sur l’intensification du ratio trafic fluvial-foncier occupé en bord à voie d’eau », détaille le port autonome de Paris. Ainsi, le port public investit chaque année environ 6 M€ dans une politique d’incitation: un système de ristourne fluviale proportionnelle aux tonnages réalisés.
Inventifs, tournés vers l’avenir, les responsables du PAP étudient également des solutions logistiques spécifiques pour leurs clients, à l’image du trafic mis en place pour le papetier UPM-Kymmene basé à Grand-Couronne (Seine Maritime). Depuis septembre dernier, le dispositif de transport « double flux » (papiers recyclés/bobines de papier neuf) sur la Seine entre Gennevilliers et Rouen est pleinement opérationnel. Les conteneurs classiques étant peu adaptés, le transport a été rendu possible grâce à l’utilisation d’unités de transport intermodales de 45′ à rideaux coulissants gerbables mises à disposition par l’opérateur maritime Marfret. Un trafic annuel de 113 000 t de papiers neufs et recyclés qui permet de retirer environ 4 500 poids lourds des axes routiers.
Autre secteur d’expérimentation du port: la distribution urbaine. Implanté au bord de la Seine en face de Bercy (Paris XIIIe), le port d’Austerlitz devrait tester la réception et la distribution de petits colis. Cela suppose l’aménagement d’un quai de transit et d’un pavillon disposant d’environ 2 000 m2 sur trois niveaux, dont un relié au quai fluvial, un autre à la voirie. « Ce bâtiment a connu son heure de gloire au temps des gares maritimes. Aujourd’hui, sa fonction doit être repensée. En effet, la hauteur libre y atteint environ 4 m, contre 10 à 12 m dans les entrepôts modernes. C’est pourquoi, nous estimons que le bâtiment d’Austerlitz a davantage une vocation de quai de transfert que d’entrepôt. Aucune valeur ajoutée ne pourra être apportée aux produits qui y transiteront », explique Gilles Renaud chargé d’affaire à la direction du développement commercial et logistique du PAP. Le bâtiment pourrait être aménagé courant 2009.